Sunday, 4 November 2012
Saturday, 3 November 2012
On islam in Japan
Il y aurait entre 10 000 et 100 000 musulmans au Japon dont 10 000 converties suite à leur mariage avec un musulman. http://islamicmonitor.blogspot.com/2011/05/islam-and-muslims-in-japan.html
Un e-mail a circulé dernièrement
suivant lequel le Japon se montre particulièrement peu
accueillant
à l'égard des touristes,
investissements et même des représentations diplomatiques des pays
musulmans :
D'après un commentateur musulman, ce
mail est biaisé dans la mesure où le Japon se montre peu
accueillant à l'égard des étrangers en général. Exact. Ce mail
est partial, insuffisamment documenté et simplificateur au point
d'être souvent mensonger. Il n'empêche qu'il pose maladroitement une question
intéressante. Le critique musulman de ce mail reconnaît d'ailleurs
que des attentats islamistes seraient plus difficile au Japon que
dans d'autres régions du monde. Pourquoi, alors que le terrorisme islamiste affecte l'Occident, le Moyen-Orient, l'Inde et l'Asie du Sud, l'Afrique et même dans une moindre mesure, l'Australie et l'Amérique du Sud, affecte-t-il moins l'Asie du Sud-Est - à l'exception du Sud de la Thaïlande - et l'Asie de l'Est , Vietnam, Chine, Japon, Corée ? A cela il n'apporte pas de réponse
alors pourtant que l'efficacité des services de sécurité japonais
n'a pu empêcher l'attaque au gaz sarin de la secte syncrétique
hindou-bouddhiste Aum en 1995.
Sa critique n'infirme pas
ma théorie suivant laquelle les pays d'Extrême-Orient en se
montrant extrêmement sélectif en matière d'investissement, d'immigration et d'influence culturelle, même si des nations non-musulmanes
souffrent également de cette prudence, sont les seuls à s'être
donnés les moyens de résister à l'expansion globale de l'islam
qui, profitant là où il le peut de politiques ultra-libérales et les exploitant,
accompagne et suit la « main d'oeuvre » et les capitaux.
La nouvelle suivant laquelle des
milieux musulmans au Japon auraient été la cible d'enquêtes de la
part de la police japonaise en 2008
(http://kavkazcenter.com/eng/content/2010/11/10/12798.shtml
) peut soit faire craindre que cette immunité relative soit menacée
soit qu'effectivement le Japon et les Japonais sont sur leurs gardes,
au point de frôler la paranoïa ce qui serait rassurant. Car comme
disait Zarathoustra « Ce n'est pas parce que vous êtes parano,
qu'ils ne sont pas vraiment en train d'essayer de vous avoir ».
Et lorsqu'il s'agit de musulmans, ils sont toujours en train
d'essayer de vous avoir.
Sheik Yer'Mami est cependant un peu inquiet : http://sheikyermami.com/2012/09/08/islam-in-japan/
Sheik Yer'Mami est cependant un peu inquiet : http://sheikyermami.com/2012/09/08/islam-in-japan/
http://islamicmonitor.blogspot.com/2011/05/islam-and-muslims-in-japan.html
Wednesday, 31 October 2012
Thaïlande, Laos. Qu'est-ce qu'une religion ?
Le 17 octobre 2012
Sur le train de nuit qui me mène de
Bangkok à Nongkai et Vientiane
Je ne suis plus passé par Vientiane
depuis la fin des années 90, venant en voiture louée de Luang
Prabang en compagnie de Jeff et de son épouse indonésienne.
J'entends et lis des avis contradictoires à propos de Vientiane :
soit la ville change très vite, soit tout y est encore lent et
poussiéreux comme il y a quinze ans. Hâte de me faire une opinion.
Imprudemment j'ai réservé et payé
10 jours à la Villa Sisavad, près du Wat Sisavad, Chantanabury
Le 18 octobre 2012
J'avais oublié que venant de la
fraîche Luang Prabang, même au mois d'août, j'avais été
désagréablement surpris de retrouver à partir de Vang Vien une
touffeur semblable à celle de Bangkok ou de Saïgon.
Nous sommes en octobre et alors que
Hanoï connaît sans doute des températures paradisiaques, le
thermomètre dépasse encore ici les 30° entre 10 h du matin et 16
heures. On me rappelle qu'ici comme à Bangkok, il n'y a ni automne
ni hiver. Rien qu'un léger fraîchissement en décembre et janvier.
Bilan de mon passage à Bangkok.
Content d'avoir revu Thierry et Sunisa.
Rassemblé des infos sur les loyer des studios au mois dans la
quartier de Sathorn : autour de 12 000 baths/mois toutes charges
comprises HTVA. Mais re-découvre surtout qu'il me serait difficile
de vivre dans une ville où la température descend rarement en
dessous de zéro, aussi pratique soit-elle.
A part cela l'événement principal de
ce séjour de 15 jours fut sans doute la rencontre de Hubert Mvogo,
une connaissance de Thierry, jeune financier franco-congolais,
intéressé par la philosophie. Après avoir débattu par e-mail du caractère
« fasciste » ou non de l'islam, nous nous
sommes rencontrés deux ou trois fois à l'Alliance et avons
poursuivi nos échanges de vive voix.
Ci-dessous le mail que le lui ai envoyé
après le dernier de ces échanges.
A Hubert sur
la nature de la religion et des religions.
Nos récentes
conversations me poussent à tenter de remettre de l'ordre dans mes
idées concernant la réponse à la question « Qu'est-ce que la
religion ? Qu'est-ce qu'une religion ? »
Si je tente d'y
répondre généalogiquement par l'histoire, la psychologie et
l'anthropologie, j'y verrai d'abord l'expression dès les débuts de
l'humanité – et donc du langage et de la fonction symbolique –
de l'émerveillement d'être en vie, partie et miroir, en même
temps, de l'univers. Qu'il soit clair cependant que ni le concept ni
le mot de « univers » n'existent à cette époque dans le
sens où nous l'entendons aujourd'hui. Le sentiment qui doit avoir
alors prévalu est sans doute celui d'exister face à Quelque chose
de vivant (animisme) qui me nourrit et auquel je retourne à la mort.
Ce quelque chose correspond sans doute au Cela (ça) de l'hindouïsme
des Oupanishads. C'est aussi sans doute ce « quelque chose »,
ce « ça » qui devint dieux dans les polythéismes divers
puis Dieu dans le monothéisme.
Mais l'homme
primitif, lieu originel de cet émerveillement n'est pas la monade,
l'individu, tel que l'a par après conçu l'Occident. Il est d'emblée
inséparable de sa famille, de son clan, de sa tribu.
D'emblée aussi
cet émerveillement, cette extase, s'accompagne de la crainte,
de la certitude de la mort qui met fin à l'extase. Afin de soulager
cette crainte, l'homme va tenter de créer de l'espace pour ses
projets, de faire reculer « le mur » existentiel de la
mort qui bouche son horizon. Il va d'abord se projeter dans sa
progéniture, sa famille, son clan.
La première
religion sera sans doute le culte des ancêtres, religion de la
famille, du clan, de la tribu, s'accompagnant du devoir moral
d'engendrer. Cette première strate de la conscience religieuse est
encore bien vivace dans les animismes d'Afrique et d'Asie ainsi que
dans le taoïsme et le confucianisme chinois mais on en retrouve
encore trace dans les religions « ethniques » ou
nationales comme le judaïsme, et même dans les deux grandes
religions universelles que sont le christianisme et l'islam dans la
mesure où le mariage et la procréation y sont toujours encouragés
mais au bénéfice cette fois de la survie et de l'expansion non plus tant d'un lignage, clan ou tribu, que de l'Eglise ou de l'Oumma
musulmane.
Nous voyons donc
que l'émotion religieuse individuelle est dès l'origine captée,
détournée, aliénée par le groupe, lignage, clan, tribu, nation et
plus tard religion transnationale organisée. De sentiment privé,
l' émotion religieuse est très tôt devenue objet culturel ou
sociologique.
*
Le bouddhisme
sera le premier à analyser le phénomène religieux. Plutôt que
religion, il est une psychologie débouchant sur une « science
de la religion » et une « technique de guérison, ou
'libération' » visant d'emblée le bien-être ou la
« non-souffrance » de l'individu par une forme
d'auto-hypnose accompagnée, comme l'épicurisme, d'une éthique du
contrôle des besoins et des désirs.
Pour recréer
l'extase il va utiliser une des multiples techniques yogiques
indiennes – méditation, dhyana, zen visant à se libérer de la
crainte du futur et des regrets ou remords afin de vivre le moment
présent - la développer tout en la séparant du contexte religieux
de l'hindouïsme de son époque, le védisme. Il va nier l'existence
d'une âme qu'elle soit universelle (Dieu ?) ou individuelle et
va, comme un peu plus tard Epicure en Grèce - qui lui aussi faisait
de la concentration dans le moment présent l'essentiel de l'ascèse
matérialiste - réduire les dieux au statut de « créations de
l'esprit humain à des fins de suggestion thérapeutique ».
Le Bouddha a bien
compris que l'hypnose est un des ingrédients fondamentaux de toute
religion, mais aussi de tout système politique autant que de tout
système de « fidélisation » des clients. Mais il tente de mettre au service de l'analyse de soi et des phénomènes
le très grand calme qui accompagne les premières phases de la
méditation (samatha). Pour la première fois dans l'histoire,
l'hypnose est détournée de l'utilisation qui a jusque-là toujours
été la sienne, le contrôle des individus par le groupe, pour la
mettre au service des individus eux-mêmes.
Les techniques
d'induction de l'hypnose utilisées par le bouddhisme ressemblent
fort à celles utilisées par les religions : concentration sur
un point brillant ou coloré, sur une idée, une image, un mot, un
vers poétique, le souffle respiratoire. La différence est que, dans
le bouddhisme originel au moins, ces techniques, sont envisagées
comme telles, ne sont pas associées à des métaphysiques ou à des récits eschatologiques ( narratives), impliquant une
notion de « victoire finale » et ou de domination
universelle. Le Canon pâli va jusqu'à prédire la disparition du
bouddhisme, avant sa renaissance il est vrai. Et lorsque le mahayana
envisage une mythique « fin de l'histoire » c'est sous la
forme de l'illumination de tous les êtres vivants non sous celle de
la victoire d'une organisation, d'un état ou d'un groupe d'états,
fussent-ils bouddhistes.
Bien sûr les
associations (sangha) bouddhistes solliciteront bientôt, que ce soit
en Inde ou en Asie de l'Est ou du Sud-Est, la protection des états
qui à leur tour les utiliseront pour atteindre leurs objectifs. Mais
cela n'empêche que le bouddhisme reste foncièrement individualiste.
Il n'y a pas de salut collectif qui soit le résultat automatique de
l'adhésion à une doctrine ou à une organisation. Le salut est le
fruit d'une ascèse individuelle méthodique, clairement distincte du
contenu des doctrines élaborées au cours des âges par les
différentes écoles du bouddhisme. Le bouddhisme est orthopraxie
plutôt qu'orthodoxie.
*
La seconde grande
religion qui tentera de transcender la famille, le clan, la tribu et
la nation, sera le christianisme. Les Eglises – même orthodoxes,
même protestantes – se veulent toutes « catholiques »
c'est-à-dire « universelles ».
Le christianisme
recourt moins aux techniques hypnotiques que le bouddhisme. Il vise à
rassurer l'individu en souffrance non par l'identification à un
groupe ethnique mais un type de suggestion émotionnelle l'assurant
que Dieu l'aime personnellement comme pourrait le faire un père ou
une mère. Le gage en est que Dieu se serait fait homme et serait
mort pour le sauver. L'individu se projette ici non plus dans la
perspective de la survie de sa progéniture ou de sa race mais dans
celle de sa survie personnelle et de la victoire eschatologique de
l'Eglise, assemblée des « enfants de Dieu » et la
réalisation sur terre de la Cité de Dieu.
Le fidéisme
chrétien et le caractère irrationnel de certains de ses dogmes
provoquèrent en Occident à partir de la fin du Moyen-Âge et de la
Renaissance une critique de la religion qui devait aboutir à un
retour aux prémisses métaphysiques de l'antiquité, à un
affaiblissement du rôle des Eglises dans les sociétés occidentales
modernes et à différentes formes de sécularisme ou de laïcité.
Les sociétés occidentales les plus sécularisées gardent cependant
du christianisme son égalitarisme (ni caste, ni race dominante) et
son souci d'un minimum de justice sociale.
*
Mahomet,
représente au 6e siècle EC, le porte-parole de l'humiliation
historiques des tribus arabophones polythéistes de l'Arabie.
Initiateur de la dernière des religions universelles, il est
remarquable en ce qu'il semble avoir parfaitement compris les
mécanismes de l'hypnotisme et de la suggestion qu'il va mettre au
service du nationalisme arabe (Le Coran est « une révélation
en arabe pour les Arabes »). Plus l'objet hypnotique est
simple, plus il est efficace. Les instruments de mobilisation de
Mahomet sont
- une idée : l'unicité absolue de Dieu
- de cette idée un Arabe, lui-même, est le formulateur, en arabe pour les Arabes
- une invocation, un mantra « Allah Ouakhbar » qui est aussi cri de ralliement et cri de guerre destiné à intimider et terroriser l'adversaire (comme d'ailleurs le voile complet des femmes musulmanes).
- Le Coran, livre pas très long et d'une lecture assez facile si on le compare à la Bible, aux Védas hindous et au Canon bouddhique. Le Coran ne peut être interprété que par les arabophones.
Mais Mahomet à
plusieurs points de vue a échoue à faire de l'islam l'instrument
fédérateur qu'il voulait :
- de la société arabe pré-islamique il garde la structure clanique endogame ; s'il tente de l'élargir aux dimensions de l'Eglise musulmane, l'Oumma, il réussit moins bien que le Judaïsme qui arriva à effectivement fédérer les Douze tribus issues de Jacob pour en faire un seul peuple, ou que l'Eglise catholique qui dès sa victoire à Rome au 4e siècle puis dans le Saint-Empire s'attaqua avec succès à l'endogamie de clan, ce qui aboutit à une société relativement intégrée malgré la survivance de la caste aristocratique. Les inconvénients de la structure clanique se manifestent jusqu'à nous jours dans les sociétés arabe, pachtoune et turque particulièrement par une hostilité endémiques entre clans et sectes pourtant musulmanes.
- Il transpose dans les rapports inter-religions l'hostilité absolue et sans scrupule, ainsi que la mauvaise foi, qui marque les rapports entre clans ou tribus se disputant un même territoire ou une même ressource.
- A l'époque de la globalisation et d'internet tout le monde peut lire le Coran sinon en arabe au moins dans plusieurs traductions. Un livre qui ne fut d'abord accessible qu'aux Arabes, lettrés ou non, aux musulmans lettrés turcs, pachtounes ou indiens est maintenant à la disposition de tous sur le site Lexilogos par exemple. Or ce livre comporte plusieurs dizaines de passages qui sont à notre époque extrêmement problématiques car exprimant une hostilité insultante et meurtrière à l'égard non seulement des Juifs et des chrétiens mais aussi des polythéistes, au rang desquels d'après les critères mêmes de l'islam, il faut placer un milliard d'hindous, plus d'un milliard de chinois, et sans doute encore plusieurs centaines de millions d'animistes répartis sur toute la planète que ce soit en Amérique du Sud, en Afrique ou dans les régions himalayennes d'Asie. Soit cinq ou six milliards de personnes.
*
Il est peu
probable que des sociétés qui envoient des vaisseaux spatiaux et
des hommes dans l'espace se laissent intimider par l'islam et que
l'avenir lui appartienne alors qu'au sein de ses oulémas existent
encore des experts qui mettent en doute que l'homme ait marché sur
le lune. Dans la société globale à venir, il est probable que,
comme en Occident et comme en Chine, les religions seront de moins en
moins considérées comme héréditaires, que les individus de plus
en plus pourront choisir les conceptions métaphysiques, religieuses
ou athées, qui leur conviennent, éventuellement en changer, en
choisir plusieurs ou aucune.
Mais il existe un
réel danger. Si à l'avenir suite à de trop grands écarts dans les
niveaux d'éducation et de revenus des différentes catégories
sociales, étant donné la très grande efficacité de la technique
hypnotique de l'islam - croyance en un Dieu unique distinct de la
nature, pratiques telles que la répétition perpétuelle du nom de
Dieu, récitation de ses qualités, psalmodie envoûtante du Coran –
associée à une idéologie sectaire et malveillante vis-à-vis de ce
qui n'est pas elle, paranoïaque, faisant de chaque croyant le
représentant de Dieu sur terre vis-à-vis de tout qui il considère
comme infidèle, même s'il est musulman, les progrès de l'islam
pourrait signifier non pas la « paix éternelle » qu'il
prétend signifier mais un état endémique de troubles civils. Le
danger serait alors que nos élites politiques soient tentées afin
de sauvegarder la paix sociale et de maintenir l'ordre public de
donner aux musulmans ce qu'ils exigent déjà - la charia –
qui à terme contaminerait nos codes et nos coutumes et finirait par
faire des non-musulmans des parias. L'aboutissement de ce processus
serait une Europe qui ressemblerait au Moyen-Orient.
Bangkok,
14 octobre 2010
L'intérêt
contemporain du modèle chinois, ou extrême-oriental, des "Trois Religions qui n'en font qu'Une" (cf post du 29.10.2012) est aussi à mon sens le rôle qu'y joue la
théorie confucianiste de l'Etat incarnation du Ciel (cf Hegel,
l'état comme dernier avatar de l'Esprit).
Cette
idée reste intéressante de nos jours, non pas dans le sens où la
Chine acquerrait une position centrale dans la structure des
relations internationales, réalisant ainsi sa « destinée
manifeste » d'Empire du Milieux, mais dans celui où l'ONU
serait investi du « mandat du ciel » qui légitimait les
empereurs de Chine, fils du Ciel, aussi longtemps qu'ils
s'acquittaient des devoirs de sa charge.
Dans cette conception - où s'il perd le pouvoir suite à une
révolte populaire, sa défaite est elle-même le signe que le Ciel
lui a retiré son mandat - le peuple est aussi contractant avec le Ciel et l'Empereur, avec le Ciel et l'Etat.
Une
telle conception politico-religieuse de l'ONU, lieu de débat et de
compromis, se situe évidemment à l'opposé de celle de l'islam où
l'autorité découle exclusivement d'un Dieu hypothétique tel que
conçu par un Arabe du 6e siècle CE, et dont le message à
l'humanité – le Coran – délivré en arabe ne peut être
interprété que par des oulémas parlant arabe.
Le
« mandat du ciel » des confucianistes, comme le « contrat
social » de Rousseau, ou l'Esprit de Hegel ont un caractère
contractuel et évolutif. Le mandat du ciel peut être retiré à
l'Empereur (ou au Parti communiste) si ces derniers le trahissent. Et
c'est au peuple – ou dans le cadre onusien, à l'assemblée des
nations – d'en décider en dernier recours. Les Chinois ont donc l'équivalent de notre « Vox populi, vox Dei ».
L'Etat
a pour les Chinois un caractère sacré. Le sinologue belge Pierre
Ryckmans disait d'ailleurs « la religion des Chinois, c'est la
Chine ».
Une « sacralisation » de l'ONU, avec des
rites, une liturgie – car tout pouvoir repose aussi sur des
symboles et des apparences - ne serait-elle pas de nature à renforcer la
capacité de résistance à la tentative de coup-d'état global de
l'islam et de l'islamisme, utilisant aussi très habillement rites et
croyances. Je me demande aussi si les Chinois ne commencent pas, dans
le cadre du développement de leur « soft power », à
chercher les moyens d'adapter à leur nouveau rôle global leur
antiques conceptions politiques.
Jacques
Huynen
Bangkok
octobre 2012
*
Plutôt
qu'un seul dieu
Un
seul monde
plein et fini
plein et fini
Un
seul univers
vide et infini
vide et infini
Ceci
n'est pas une pipe inscrivait Magritte sous son oeuvre représentant
une pipe
Le
signifiant n'est pas le signifiant
Le
signe n'est pas la chose
Le
doigt qui pointe la lune n'est pas la lune
Dieu
n'est pas l'infini innommable
Dieu
n'est pas Dieu
Il
n'y a pas de dieu ...
Leur
Dieu est la dernière des idoles
Dont
le vrai visage, meurtrier, sanguinaire, devient de plus en plus
évident ...
*
Les
dix-mille choses – l'infinitude des phénomènes - ne font qu'un,
ont dit des penseurs confucianistes et bouddhistes chinois
Tout
effet est l'effet de plusieurs causes
Toute
cause la cause de plusieurs effets
Samedi 20 octobre 2012
Je rencontre Annie K mercredi
quasiment dès mon arrivée à la Villa Sisavad. Britannique
excentrique et expansive, un peu masculine, la bonne cinquantaine
mais se considérant encore comme « invicible », elle se
présente comme « un-exploded war bombs expert ». Elle achève
un PhD à l'Université de Greenwich, et siège à la British
Military Defense Academy. Nous finirons la soirée
attablés à la terrasse d'un des restaurants de Tat Dam à nous
restaurer d'une salade de canard arrosé de Merlot.
Sa grand-mère paternelle était thaï
et son arrière-grand-père a conseillé le roi cartographe Mongkut.
Mais de ses ascendants thaï, il ne lui
reste que des petits yeux légèrement bridés. Le sourire a laissé
place à de grands éclats de rire, et l'effacement ou la discrétion
féminine orientale à un féminisme sans complexe.
Tout cela combiné à une très large
culture, pas seulement dans le domaine des bombes, en fait un
personnage remarquable.
Elle est, me dit-elle, propriétaire
d'une maison Av. Foch à Paris, d'une autre dans le Sud de la France
et d'un bungalow dans le Sud thaï – et me dit que j'y suis le
bienvenu - mais loue à la villa Sisavad une chambre à 13 $.
Hier soir, vendredi, comme Annie
prépare un voyage dans le Sud et doit aller dormir tôt, je dîne
seul en ville.
Le Chok Dee est un restaurant tenu par
un Belge d'Arlon. Le vendredi il propose un plat belge. Aujourd'hui
moules frites. Je choisis les moules au céléri et à l'estragon,
arrosé de vin blanc. Déçu car il n'y a quasiment pas de légumes
dans le brouet. Les céléris sont très chers au Laos s'excuse
l'Arlonnais. J'aurais dû prendre les moules à la
dijonnaise...
En fin de repas, conversation avec
Christophe Bart, franco-suédois qui a été brièvement moine à
Suan Mokh avant de se mettre en ménage avec une femme lao à
Vientiane. Il me dit quue l'Asie de l'Est et du Sud-Est resteront
imperméables à l'islam. Annie K pense par contre que l'islam est
partout à l'offensive dans cette partie du monde également. Elle
s'inquiète de voir des mosquées pousser "comme des
champignons" dit-elle, au centre de la Thaïlande où pourtant
il n'y avait jusqu'à présent jamais eu de minorités musulmanes.
Elle attribue ce phénomène à un afflux d'immigrés indonésiens.
Mais en ce domaine, je ne fais guère confiance à ses informations.
D'après Wikipedia, indépendamment des minorités musulmanes
anciennes, malaisiennes et chinoises (Chin-Hui) l'islam serait en
progrès un peu partout dans le royaume, résultat d'une immigration
récente de Rohyngyas birmans, de Cham cambodgiens ou vietnamiens,
ainsi que d'Indiens et de Pakistanais. Il y aurait même une ancienne
communauté chiite remontant au XVI siècle.
La Thaïlande semble aussi peu prudente
par rapport à l'islam que nous l'avons été. Malgré le conflit
dans les trois provinces du Sud, l'immigration en provenance de pays
musulmans, les mariages et les conversions ne semblent faire l'objet
d'aucune attention particulière. Il y aurait quelque 170 mosquées rien qu'à Bangkok sur plus de 3000 dans le pays, pour la plupart dans le Sud. Il n'est pas rare de voir un troupeau de femmes complètement voilées aux abord du quartier chaud de Silom. A l'extrémité orientale de Sukhumvit (Nana?), paraît-il, les minarets poussent comme des champignons. Mais je n'ai pas eu le temps de le vérifier.
Il est vrai que le bouddhisme étant encore très vivace dans la plus grande partie du pays, le pays n'a pas baissé la garde sur ce terrain comme l'a fait l'Europe de l'Ouest. Attitude très différente donc de celle des Birmans. Suite aux troubles entre la minorité musulmane Rohingya et les Birmans dans l'état du Rakhin, la Birmanie vient de refuser la présence d'observateurs temporaires ou permanents de l'OCI sur son territoire (Voir Le Point du 15 octobre 2012. Pas cons les Birmans !
Il est vrai que le bouddhisme étant encore très vivace dans la plus grande partie du pays, le pays n'a pas baissé la garde sur ce terrain comme l'a fait l'Europe de l'Ouest. Attitude très différente donc de celle des Birmans. Suite aux troubles entre la minorité musulmane Rohingya et les Birmans dans l'état du Rakhin, la Birmanie vient de refuser la présence d'observateurs temporaires ou permanents de l'OCI sur son territoire (Voir Le Point du 15 octobre 2012. Pas cons les Birmans !
Dimanche 21 octobre 2012
Ce matin, passé par la petite mosquée
Jamia, la plus ancienne (1972) des deux mosquées lao. Elle est
située dans une ruelle parallèle au Square de la fontaine Namphoo.
Les premiers musulmans à fouler le sol
lao furent sans doute des soldats maghrébins de l'armée française.
Ils quittèrent les pays avec le Français. Après l'indépendance,
arrivèrent des Chams du Cambodge et du Vietnam, des musulmans thaï
et plus récemment sans doute des Pakistanais et des Tamouls, vivant
de la restauration halal, au total entre 600 et 1000 âmes
actuellement.
Venant de la rue Sethathirath, je
m'engage dans dans la ruelle et ne tarde pas à apercevoir le
bâtiment blanc et deux grêles
minarets couronnés de bulbes verts. J'entends des voix
venant de la mosquée. Lecture ? Discussion ? Dispute ? Je ne sais.
Le quartier n'a pas l'air particulièrement musulman mais au fond de
la ruelle, un cul de sac en fait, un jeune en short me signifie
qu'on ne peut pas passer.
Rappelant l'islam on ne voit guère à
Vientiane, le long de la rue Fa Gnum, que quelques faces d'allure
indienne ou pakistanaise et bien sûr de rares touristes
moyen-orientaux ou des Arabes d'Europe. Rien qui suggère une
offensive que semble craindre Annie – aussi islamophobe que moi
mais pour des raisons différentes, tenant à son féminisme
militant.
Les tables branlantes sur la levée qui
longeait le Mékong, où l'on servait encore de la Beer Lao au
coucher du soleil sur le Mékong à la fin des années 90, tables
pour lesquelles j'ai eu envie de repasser par ici, ont disparu il y a
à peine un an, me dit Clément, Franco-laotien qui tient un salon de
thé de la chaîne Sinouk. Les mafias chinoises et lao en ont eu
raison. La levée herbeuse a été aplanie, on y a fait passer une
route - sans doute destinée à devenir une voie rapide - bordée
d'un parc il est vrai ... Les cafés et restaurants de la rue Fa Gnum
n'y ont plus accès. Tout cela ressemble de plus en plus à la
Thaïlande.
*
Flash back Hai Shan sur la Chine, son
avenir (Tibet, Taiwan, Japon , Mer de Chine du sud et du nord), ONU
etc.
Hai Shan approuve mon plan de faire de
l'ONU le détenteur du Mandat du Ciel, et de lui rendre un culte,
comme on rendait un culte à l'Empereur de Chine. Mais il suggère
que l'on déménage son siège sur une île du Pacifique ou de
l'Atlantique. Je suggère les Açores.
Quand lui rappelant que 40 % des
investissements étrangers en Chine pop proviennent de Taïwan
j'évoque les perspectives d'organisation d'élections multi-partis
(PC, Kuomingtan et Libéraux démocrates taïwanais) simultanées à
Taïwan et sur le continent, avec candidats du PC à Taïwan et
candidats des partiw taïwanais sur le continent), il sourit d'un air
rêveur mais ne me contredit pas.
Même réaction quand je remarque que,
si la Chine veut garder les USA à l'extérieur de sa zone
d'influence, elle devrait traiter ses voisins en alliés et non en
vassaux.
*
Au nord du Patuxay, arc de triomphe de
style lao bâti entre 1957 et 1968 en mémoire des victimes de la
Guerre d'indépendance contre la France, le Gong de la Paix offert
par le World Peace Committee, association indonésienne pour la paix
mondiale fondée après l'attentat de Bali en 2002. Vingt-six pays,
ont accepté un de ces Perdamaian Dunia. Celui de Vientiane a été
inauguré en 2008. Il porte les symboles de toutes les religions, y
compris la roue du dharma, la croix et l'étoile de David. Laisse un
peu rêveur lorsque l'on connaît les insultes et malédictions dont
sont l'objet les juifs, les chrétiens et les polythéistes dans le
Coran. Alors que bien sûr l'islam, dernière des religions
universelles, est complètement ignoré par les textes sacrés de
ces religions qui le précèdent de plusieurs siècles.
Pékin, Luoyang, Xi'an. La Chine, défenseur de la foi ?
Le 21 septembre 2012
Pour ceux qu'intéressent les
inquiétudes de l'Inde relativement aux probables régime de faveur
consentis par le Népal aux investissements chinois :
Compléments et bémols au mail des 19
et 20 septembre.
Pour donner un peu de contexte à
l'optimisme du réceptionniste de l'Alley Garden Hotel –
appelons-le Xavier - reflétant sans doute celui de beaucoup de
Chinois, je voudrais donner les précisions et faits suivant :
Les Hui sont présents en Chine depuis
un millier d'année et sont majoritaires au Ningxia qui bénéficie
comme la Mongolie et le Tibet du statut de région autonome. Ce sont
les descendants de commerçants arabes ayant épousé des femmes han.
Ils ont souvent un peu de poil au menton. S'il est vrai que dans
l'Est, où ils représentent de très petites minorités, on les
remarque peu, je sais qu'au Ningxia et dans d'autres régions de
l'Ouest (Gansu, Qinghai) des tensions entre Hui et Han se manifestent
assez régulièrement.
Kaïfeng représente dans l'Est un cas
assez particulier. On y vit s'installer au cours du premier
millénaire des commerçants juifs dont une partie des descendants se
convertit à l'islam. Ces musulmans-là ne sont ni Hui ni Ouïghours
– musulmans turcs du Xinjiang ou Turkestan chinois. Je suis allé
dans ce qui est supposé être le quartier de ces juifs et musulmans
mais n'y ai vu ni turban, ni calotte, ni femmes voilée, ni jihab ni
niqab, rien qui évoque le judaïsme ou l'islam si ce n'est deux boucheries arborant une bannière noire
portant en dessous de caractères chinois des caractères arabes. Une
boucherie halal/kosher sans doute. Et un ou deux regards noirs à mon
passage, alors qu'en général les Chinois sont plutôt souriants et
même marrants.
Pour rappel la Chine est beaucoup moins
tolérante avec les Ouïghours du Turkestan qu'avec les Hui, qui sont
chinois et sinophones depuis plus d'un millier d'années. Les
Ouïghours en effet réclament, comme les Tibétains, un état
autonome. La méfiance de la Chine envers les Ouïghours n'est donc
pas fondée sur des motifs religieux mais bien politiques. Elle est
de même nature que celle qu'elle manifeste envers les Tibétains ou
même Taïwan. C'est l'intégrité du territoire national qui est ici
en jeu, non la crainte d'infiltration d'une « troisième
colonne ».
Mais, bien que je ne l'espère pas, si
les Chinois permettent au wahabisme de mener la même politique de
subventionnement à leurs minorités que la majorité des états
occidentaux leur a consenti au bénéfice des immigrés je crois que
l'optimisme de la Chine ne fera pas long feu. Il est dans la nature
de l'islam de tenter de s'imposer aux sociétés sédentaires, ou à
défaut de s'y infiltrer avant de les réduire à la conversion ou à
l'esclavage (dhimmi).
Le danger serait que la Chine, aveuglée
comme nous l'avons été par notre arrogance, typique des vieilles et
puissantes civilisation, ne voie pas venir le danger et ne se protège
pas des stratégies habituelles aux sociétés segmentaires, parmi
lesquelles l'hypergamie (qui permet aux hommes d'épouser une femme
d'autres clans, tribus, castes ou religions mais refuse ce droits à leurs femmes, à qui il est ainsi interdit de sortir de leur caste
d'origine) et la grande prolificité, aboutissant à une démographie
incontrôlée, se fondant entre autre sur un statut défavorable de
la femme.
Un moyen de contenir l'islam chinois
serait de commencer par ne pas leur permettre, pas plus qu'aux Han,
d'avoir plus d'un enfant et si cela ne suffisait pas, d'interdire aux
musulmans d'épouser des femmes qui ne sont pas nées musulmanes.
Revenant d'avoir visité les Temples du
Ciel, du Soleil, de la Lune et de la Terre, où le culte n'est plus
célébré depuis la victoire du communisme, j'avais dit à Xavier
trouver regrettable que ces rituels aient disparu. Comme je lui
disais qu'il faudrait que le Président de la République recommence
à sacrifier aux astres chaque année comme le faisait jadis
l'Empereur, il me regarde un peu narquois et précise : pas
« sacrifier », mais faire une cérémonie, réciter des
poèmes et offrir de l'encens.
« La religion est l'opium du
peuple » disait Marx. Mais sans cet opium, il semble que les
peuples ne puissent ni vivre ni survivre et conserver leur identité.
Sans un opium de cette sorte, l'espèce humaine en imaginant
qu'elle soit un jour intégrée, dans le cadre de l'ONU devenu Etat
universel, dans le meilleur des cas, pourrait-elle survivre ? En
attendant, les civilisations qui se détournent de leurs religions
traditionnelles sans fournir de « produit de substitution »
le font au risque de se voir infiltrées puis détruites par des
idéologies religieuses d'autant plus hypnotiques qu'elles sont
simplificatrices comme l'est l'islam. C'est en fait la découverte
majeure de Mahomet : plus c'est simple et brutal, mieux ça
marche.
Le bouddhisme, qui n'est pas une
religion à proprement parler – les entités suprêmes n'y sont pas
des dieux mais des entités abstraites ou des états d'esprit, le
Nirvâna, le Vide - utilise cependant certains des outils des
religions – l'efficacité des symboles mais aussi l'hypnose - est
un des premiers à l'avoir compris. Il représente en quelque sorte
la méthadone de ces drogues dures que sont les religions
monothéistes.
Si on considère qu'il y a en Chine
quelque 300 millions de bouddhistes, un quart de sa population, cela
en fait le premier pays bouddhiste du monde. Elle commence d'ailleurs
à chercher, encore maladroitement, à utiliser cette donnée dans la
cadre de sa recherche de voies d'affirmation d'un « soft
power » - pouvoir d'influence, culturel et idéologique. Dans
ce domaine, en dehors de son art millénaire, de sa langue et de sa
littérature – difficile d'accès pour les non-chinois – la Chine
a peu à exporter. Ni le taoïsme, ni le confucianisme, ni le
communisme chinois ne peuvent être envisagés comme des produits
d'exportation idéologiques. Ces idéologies sont trop spécifiquement
chinoises et aussi peu susceptibles de s'acclimater en dehors de
Chine que ne l'est l'hindouïsme, et ses castes, en dehors de
l'Inde. Le bouddhisme par contre a derrière lui une longue histoire
d'adaptation dans des environnements complètement différents de
celui de ses origines.
La mode du zen japonais en Occident a
peut-être joué un rôle non-négligeable dans la promotion des
produits de ce pays en Occident depuis la fin de la Deuxième guerre.
Pourquoi la Chine ne pourrait-elle pas exporter ses nombreuses écoles
de bouddhisme ? Et se posant en tant que Dharmapala (défenseur de la foi) protéger comme il conviendrait les lieux saints bouddhistes en Inde et au Népal.
*
Je passe, pour ne pas lasser le
lecteur, à des sujets plus légers.
Pékin. Au premier abord, venant de
l'aéroport, même par grand beau temps comme le jour de mon arrivée,
la ville semble un peu grise : océan de HLMs de béton. Mais
propreté impeccable, circulation assez fluide et disciplinée, qui
contrastent favorablement avec l'océan d'ordures et l'anarchie de la
circulation dans les grandes villes de l'Inde, du Népal ou de Sri
Lanka que j'ai surtout fréquentées ces sept dernières années.
Plus de discipline aussi qu'au Vietnam où je suis encore passé en
2010.
Mais dès que l'on a dépassé la
Second Ring Road (deuxième ceinture) pour entrer dans ce qui fut la
Vieille Ville, l'environnement devient très agréable. Comme au
Japon, larges avenues commerçantes bordées d'arbres, se coupant à
angles droit, et entre lesquelles on trouvent des « hutongs »
qui comme les « cho » à Tokyo contrastent par le calme
presque rural qui y règne. Alors que je lui parle de ce contraste
que l'on observe dans plusieurs pays d'Asie entre la vie des grandes
artères et celle des « quartiers », William qui n'en
connaît guère que Pékin, semble ne pas comprendre. Nous venons de
manger dans un restaurant dai (minorité de la région de Dali) qui
se trouve justement dans un hutong et en sortons pour nous diriger
vers la grande avenue qui mène de Baixing à la Drum Tower
quand un chant de coq, triomphal, éclate soudain dans une cour
voisine. Je le regarde et nous éclatons de rire. Il a compris de
quoi je voulais parler.
Des tours aussi bien sûr, mais
entrecoupées de bâtiments et monuments anciens, d'espaces verts,
d'élégantes avenues bordées de petits commerces et de restaurants.
Les amateurs de vieilleries ont beaucoup regretté la destruction en
vue des Jeux Olympiques de nombreux hutong (quartiers de maisons
traditionnelles - si hé yuan - d'un étage organisées autour
d'une cour intérieure et abritant souvent plusieurs générations
d'une même famille étendue). Les mêmes ironisent sur la
reconstruction à l'identique de certains de ces quartiers dans des
endroits différents en matériaux plus récents. Je ne suis pas
certain que ces reconstitutions ne vieilliront pas bien. Par ailleurs
les anciens hutong qui ont échappé à la pelleteuse reviennent à
la mode. Les propriétaires les restaurent et les ré-occupent, les
exploitent – commerces d'art, galeries, restaurants, salons de thé
- ou les revendent de plus en plus cher. Le Alley Garden Hotel
où je logeais entre dans cette dernière catégorie.
Luoyang, le 23 septembre 2012
Arrivé hier de Kaifeng, avec détour
par Shaolin.
A Kaifeng, je logeais à l'Auberge de
Jeunesse de YinBinLu, que je ne peux trop recommander. Les auberges
de jeunesse (YHA) représentent sans doute en Chine le meilleur
rapport qualité/prix que l'étranger au budget limité puisse y
trouver. L'accueil est très amical, le personnel parle anglais mais
se prête volontiers à enseigner les rudiments du chinois à qui le
désire. Sur la carte, des déjeuners et quelques plats occidentaux.
Pour 120 yuan une chambre plus que correcte et un environnement
amical et très pratique – 200 m d'un magasin offrant vins
européens et chinois (Changyu) de qualité et 300 m du seul endroit
de Kaifeng où l'on trouve un café digne de ce nom.
A proximité, j'ai visité le temple
taoïste de Yanqing - où j'observe à la dérobée ce qui semble
être une séance d'exorcisme ou de psychothérapie de groupe où
dans une espèce de transe sans doute induite les gens expriment
leurs problèmes en présence de gens du voisinages – ainsi que le
très beau site attenant, millénaire, de la Préfecture sur la rive
du lac. Dans le Nord-Ouest de la ville parcouru le Pavillon du
Dragon (Longting Park) , sur le site du Palais impérial des Song du
Nord. Mais, c'est le Dai Xiangguo également proche de l'hôtel de
jeunesse qui m'a le plus intéressé. Ce monastère comme celui de
Shaolin, remonte au 5e EC et donc à la seconde vague de l'expansion
du bouddhisme en Chine, coïncidant à peu près avec l'émergence du
ch'an/zen. Je suis donc bien dans cette partie de la Chine où le
bouddhisme a vraiment pris son premier essor entre les débuts de
l'ère chrétienne et le 5e EC.
Deux heures de voyage entre Kaifeng et
Shaolin. Nous sommes quelque 500 km plus vers l'ouest dans cette
partie de la Chine qui représente le "Milieu de l'Empire du Milieu".
C'est ici dans ce paysage de plaines, de plaines alluviales et de
collines limoneuses qu'est née la Chine il y a quelque 4000 ans.
Mais à mesure que nous progressons vers l'Ouest le climat devient
plus continental donc plus chaud.
Comme je suis prévenu, je ne suis pas
trop déçu par l'aspect de foire populaire qu'a pris ce lieu où
Bodhidharma a sans doute vécu, qui a vu les débuts du bouddhisme
chinois ch'an, ancêtre du zen japonais, et certainement les début
des arts martiaux bouddhistes et chinois (kung fu). Un peu
l'impression à l'arrivée de me trouver dans une espèce de Lourdes
chinois.
Après avoir trouvé à consigner ma valisette et mon sac, je me lance sur la piste qui mène à l'ancien monastère à proprement parler dont je crains qu'il ne reste pas grand chose car on m'a dit que Shaolin n'est plus qu'une vaste école de kung fu gérée par l'état et le PC chinois. Plusieurs milliers d'étudiants, chinois et étrangers, s'y forment à la discipline initiée, prétend la tradition, par Bodhidharma lui-même. En chemin vers le monastère, j'entrevois d'ailleurs derrière les arbres des bâtiments assez gris, et décrépis qui ont l'air plus l'air de de casernes que d'installations monastiques. C'est sans doute là que sont hébergés les élèves.
Après 45' de marche j'arrive au
monastère, dont la première édification remonte au 5e EC. Les
bâtiments actuels ne remontent qu'au 14e- 15e siècle, donc aux Ming
tardifs ou aux premiers Ching.
Ils n'en sont pas moins encore très
impressionnants. Et contrairement à ma crainte nous ne sommes pas
accueilli par des cerbères du PC mais par de vrais moines. Il y a en
a donc encore. Le grand nombre de touristes n'empêche pas l'endroit
- enfilade de cours escaladant les flancs de la colline, consacrées
à des incarnations de plus en plus raffinées de la bouddhéité, la
dernière étant Samanthabadhra, si je me rappelle bien, et chacune
de ces cours dominée par un pavillon monumental à toit s'incurvant
aux extrémités - .de produire une impression puissante. J'en
arrive à pardonner aux moines, un peu transformés il est vrai en
boutiquiers, embusqués qu'ils sont dans leurs échoppes à chacun
des niveaux du site, à tenter de fourguer leur camelote au croyant.
Mais ce sont, doit m'apprendre un de
leurs élèves Ougandais et francophone, d'authentiques moines dont
plusieurs pratiquent aussi le kung fu de Shaolin et certains
l'enseignent.
Avec Shaolin, je continue donc ce
pèlerinage longtemps reporté, depuis l'époque où en 1981, plus de
30 ans, le professeur Shi nous guidait dans la traduction du chinois
des Biographies de moines illustres, et j'entendis pour la
première fois mentionner le nom de Luoyang et celui du Monastère du
Cheval Blanc, premier monastère bouddhiste en Chine, que je vais
visiter après-demain.
Entre Kaifeng et Luoyang, vu deux
mosquées flambant neuves dans cette partie de la Chine pourtant
assez éloignée des régions où les Hui sont majoritaires ou
représentent d'importantes minorités.
Luoyang, mardi 25 septembre 2012
Arrivé samedi 22 en fin d'après-midi,
et passé les deux premiers jours à trouver mes repères –
banques, restaurants, magasins, espaces pour la marche post-prandiale
, exercice indispensable à la gestion de mon diabète - aux
alentours de l'auberge de jeunesse sur West Zonghzhou Lu à côté de
l'église.
Luoyang est située au centre de ce qui
fut sans doute le berceau le plus ancien de la civilisation chinoise
puisqu'à proximité du site de Er Li Tou où furent identifiés des
restes de ce qui fut sans doute la plus ancienne « dynastie »,
celle des Xia (2200-1700) antérieure même à celle des Shang
(1700-1100) dont le centre se trouve plus à l'Est du Henan, à
Anyang. Les Xia, encore à moitié mythologique succèdent
immédiatement aux souverains archétypaux, partie génies, partie
héros, partie dieux à composante animale (boeufs ou dragons) liés
aux inventions fondatrice de la civilisation, pêche, chasse,
élevage, agriculture et écriture : la déesse Nügua, tête
humaine et queue de dragon créa l'homme à partir d'argile ;
Fuxi, son époux, également mi-humain mi-dragon fut le premier
chasseur, pêcheur et éleveur. Le dieu à tête de boeuf Shennong
fonda l'agriculture et la pharmacopée végétale. Le Premier
empereur archétypal Huang Di inventa la poterie, le calendrier les
bateaux et les armures ; Shun inventa le pinceau avant
d'abdiquer en faveur de Yu premier empereur Xia.
Dimanche visité le musée de la vie
populaire locale (retrouver le nom exact) et les quelques rues
anciennes ou reconstituées juste derrière l'hôtel et
parallèlement à West Zhongzhou. Marquée par deux portes anciennes
au niveau d'anciennes fortifications et de douves cette rue
rectiligne courant d'Est en Ouest est tout ce qui reste de ce site
urbain probablement quadri ou tri-millénaire. Les seuls vestiges
réellement préservés sont la Pagode du Cheval Blanc et le
petit monastère voisin de Qiyun (69 EC) – actuellement une
« nonnerie » - où résidèrent les premiers
missionnaires bouddhistes en Inde, Kasypa Matanga (She Mo Teng) et
Dharmaraksha (vers 64-69) traducteurs ou compilateurs du Soutra en 42
sections qui représente la première oeuvre de la littérature
bouddhiste chinoise. Le Parthe (Iranien) An
Shi Gao, y arriva en 148 EC. Ce premier traducteur
mentionné comme tel par les sources chinoises est un sarvastivâdin,
il traduit surtout des passages d'oeuvres sanscrites portant sur les
doctrines fondamentales du bouddhisme, sur la méditation et
l'abhidharma. Mais aucun texte mahâyâna. Peu après lui un laïc,
également parthe, appelé An Xuan traduisit avec l'aide du Chinois
Yan Fotiao le texte mahāyāna Ugraparipṛcchā-sūtra (en
chinois Fajing jing, Taishō no. 322) vers 181 EC.
Trois siècles donc - alors que
mahayana et theravada n'étaient pas encore clairement distincts -
avant le célèbre Kumarajiva (344-313, mort à
Chang'an/Xi'an, et qui de sarvastivadin devint madhyamaka)
premier traducteur important de textes sanscrits vers le
chinois et cinq siècles avant le moine voyageur, importateur
d'écritures sanscrites et traducteur, Xuan Zang (Luoyang c. 596/602
– Chang'an/ Xi'an 664).
Un peu d'émotion en repensant à mon
vieux maître le professeur Shi, à l'Université catholique de
Louvain, de qui j'ai entendu pour la première fois tous ces noms de
lieu et de personnages célèbres. Me rappelle aussi son
anti-cléricalisme sans complexe, qualifiant d'ayatollah
les professeurs de l'Institut de théologie – qui contrôlait quand
même un peu le contenu des cours de l'Institut orientaliste. « Sale
curé ! » l'entendis-je un jour exploser.
Agréablement surpris de voir qu'une
partie du domaine de la Pagode est consacrée au « bouddhisme
international » et que des temples de style thaï, malay et
indien (2007) y ont déjà été édifiés. Ce dernier bâti en un
pierre rose (granit?) combine de manière assez réussie une
conception globalement moderne avec des élément stylistiques de
Sanchi. Il est le fruit d'une initiative de Atal Bihari Vajpayee
lorsque Premier indien en 2004 venu s'incliner sur les tombes de deux
missionaires indiens Kasyapa Matanga (ShiMoTeng)
et Dharmaraksha (Zhu Fa Lan) traducteurs ou compilateurs du Soutra en
42 sections, premier texte de la littérature bouddhiste chinoise.
Les photos d'un abbé assez jeune
encore, flanqué bien sûr d'officiels du régime, en compagnie de
diplomates et personnalités étrangères, me font penser que
contrairement à ma crainte le régime est conscient du rôle que la
Chine peut jouer dans la défense et illustration d'un bouddhisme
global.
Xi'an le 27 septembre 2012
Le lendemain de mon arrivée à
Luoyang, alors que j'étais attablé devant mon petit dej, je vois un
jeune en costume de football qui à peine entré me fixe d'un air
interrogateur. Il se dirige vers moi et me demande s'il peut
s'asseoir. J'acquiesce.
Je devais le retrouver chaque jour
pendant cinq jours deux heures de préparation à son examen
d'anglais en octobre. Il insiste aussi pour accompagner ma promenade
post-prandiale du soir au cours de laquelle nous parlons à bâtons
rompus. Il me raconte sa vie et m'interroge sur la mienne. D'abord un
peu surpris, comme je n'ai pas grand-chose d'autre à faire de mes
soirées et que ce jeune de 21 ans m'étonne non seulement par son
culot et son énergie mais par sa culture et son intelligence, je me
laisse prendre à son jeu.
Haishan est originaire de la ville
historique de Quanzhou au Fujian, face à Taïwan, à l'extrémité
orientale de la Route de la Soie, me dit-il. Il fait un baccalauréat
en anglais/histoire à l'Université de Luoyang.
Je suis un peu sur mes gardes car le
gars n'est pas timide et je sais que beaucoup de jeunes Chinois,
comme de Vietnamiens, cherchent à s'expatrier et que tous les moyens
sont bons pour arriver à leur fins, y compris le charme, les
sentiments ou l'intimidation. Il essaie effectivement un peu des
trois mais avec tellement de doigté, d'habileté et finalement de
gentillesse et d'intelligence que j'entre dans son jeu sans toutefois
m'y laisser prendre. Il ne mentionne d'ailleurs qu'il serait prêt à
étudier en Belgique que le dernier jour, la veille de mon départ.
Lorsqu'il m'accompagnera le 27 au matin
à la gare de Luoyang pour m'aider à prendre le train rapide (2
heures au lieu de six, vitesse moyenne 200 km/heure) je sais beaucoup
de lui : son père ne l'a guère marqué, il doit beaucoup à
sa mère, institutrice, il n'aime pas le communisme, s'intéresse
surtout à l'histoire, à la littérature, à la philosophie, à
l'économie et à la politique, sans être nul en sciences et en
maths, et a de grands projets ....
De moi il a assez compris pour m'avoir
dit la veille au cours de notre dernière promenade nocturne :
« in fact, you are an old beatnik , like Steve Jobs», car il a aussi lu On the Road de Jack
Kerouac, sait d'où viennent les bouddhistes occidentaux et qu'ils
n'ont pas grand-chose à voir avec les bouddhistes asiatiques. Il
sait même qui est Epicure. Lui-même se définit comme athée ...
J'aime son pragmatisme confinant au
cynisme. A la fin du modeste repas que nous partageons dans un restau
du quartier la veille de mon départ, comme je sors ma seringue pour
m'injecter ma dose d'insuline, sans prendre la peine d'aller au
toilettes – il n'y a pas grand monde dans le restau et personne ne
me remarque – et lui dis « de toute manière la plupart des
gens sont aveugles, ils ne voient du réel que ce qu'ils désirent ou
ce qui le effraie », il me commente hilare « si t 'étais
une belle fille il t'auraient vu ». Un peu plus tard, comme
nous marchons vers l'hôtel, il s'arrête et me demande
- Do you think I am handsome ?
- You all right » réponds-je, après l'avoir considéré de haut en bas.
- You must have been all right too when you were younger », ajoute-t-il, aimable.
Non content d'être intelligent, beau
et beau-parleur, il est bon au foot et joue de la guitare. Les filles
lui courent après, me confie-t-il. C'est pour cela qu'il vit à
l'hôtel plutôt qu'à l'université. Sinon, il ne pourrait pas
travailler ...
*
Le mardi 25, j'ai visité le célèbre
site de Longmen. Indépendamment des grottes et du superbe Vairocana
qui domine la rive ouest de la rivière Yi, l'environnement est
grandiose et superbement aménagé et je commence à me dire que les
guides de voyage et les bouddhistes occidentaux sont trop sévères
vis-à-vis de la Chine communiste et de l'utilisation, il est vrai un
rien trop commerciale, je l'admets, de sa tradition bouddhiste. Après
tout, je n'ai jamais vu La Mecque, mais ce n'est pas pire que Rome
et c'est sans doute mieux que Lourdes.
Beaucoup aimé aussi le monastère de
Xiangshan sur la rive Est, où l'on peut aussi visiter la superbe
maison où eut lieu en 1939 une réunion présidée par Jiang Jieshi
(Chiang Kaishek) au cours de laquelle fut décidée la stratégie
visant à déloger les forces maoïstes du Nord-Ouest (Shaanxi,
Gansu, Ningxia) alors que plusieurs de ses généraux travaillaient
déjà avec les communistes. Beaucoup aimé le Bouddha polychrome du
17e siècle qui siège dans le temple.
Xi'an
L'après-midi même de mon arrivée
après un lunch léger et une courte sieste je visite la fameuse
Dayan Pagoda – Wild Goose Pagoda/ Pagode de l'Oie Sauvage –
où furent entreposées les écritures en sanscrit et autres langues
indiennes ramenée de l'Inde par Xuan Zang au 7e siècle..
Le 28 septembre 2012
Excellent petit déjeuner et premier relevé de mon courrier électronique grâce au réseau du
King Coffee. Puis je prends le bus K609 en direction du quartier musulman
situé derrière la Drum Tower. Je me rends compte que cette ligne
passe à proximité de la Small Wild Goose Pagoda (Xiaoyan Da)
où sont entreposées des écritures sanscrites rapportées par des
voyageurs postérieurs ( 8e siècle EC) à Xuan Zang et où vécut le
traducteur Yi Jing, également de cette époque relativement tardive.
Visite aussi le superbe musée moderne
attenant à la pagode. Collection de pièces de jade et d'or mais
surtout de buddhas remontant au tout début de la pénétration du
bouddhisme dans la région, venant du Gansu, du Qinghai et du
Turkestan chinois. Emu de voir la progression de ce premier art
bouddhiste chinois depuis ses débuts à l'époque des Jin et des
Wei, art encore rudimentaire et naïf mais marqué de la sincérité
et de l'enthousiasme de ces premiers croyants qui comme les
bouddhistes occidentaux sans doute trouvaient surtout dans cette foi
nouvelle - qu'ils ne comprenaient que partiellement, et même
erronément - ce qu'ils y cherchaient et en retenaient sans doute
surtout la technique de la méditation et bizarrement la croyance en
une âme et en une survie, fût-ce sur la forme de la transmigration.
Dans cette culture encore marquée par l'animisme chaque individu a
simultanément plusieurs « âmes » et les seules formes
de survie individuelle, dans le sens où nous l'entendons,
envisagées jusque-là était la survie biologique qu'implique la
procréation – d'où sa sacralisation et le culte des ancêtres.
Avec le bouddhisme, le débat sur l'existence d'une âme individuelle
– âtman – que le bouddhisme indien résout d'ailleurs par la
négation de l'âme (anâtman) entre dans la conscience
chinoise. Paradoxalement, à l'occasion de ce débat, c'est surtout
la découverte du concept d'âme qui va retenir l'attention des
Chinois, et le bouddhisme chinois des débuts favorisera l'idée
d'une âme qui transmigre ainsi que celui d'une « conscience
universelle ». Alors que, paradoxalement encore, ce qui dans le
bouddhisme intéresse surtout les Occidentaux est son athéisme et
sans négation d'une âme individuelle « substantielle »
et éternelle.
En bref, les vagues successives
d'expansion du bouddhisme, en Chine d'abord, en Occident ensuite,
reposent sur des malentendus, parfois savamment entretenus par les
propagateurs de la foi, l'essentiel étant sans doute pour eux, en
harmonie avec le pragmatisme du Bouddha, de pratiquer la méditation.
Pour revenir à l'art bouddhiste
chinois, on le voit ensuite évoluer à l'époque des Zhou et des Qin
postérieurs puis des Sui pour se raffiner alors qu'il pénètre
l'aristocratie, puis sombrer dans le maniérisme avec les Tangs puis
les Song.
On trouve déjà à Xi'an ou aux
alentours des pagodes représentant toutes les sectes qui vont
proliférer au cours des siècles suivants et constituer l'arbre du
« bouddhisme chinois », bouddhisme nouveau, très
différent du bouddhisme indien des origines, et qui va marquer tous
les pays satellites de la Chine avant de marquer également le
bouddhisme occidental quelque 2 000 ans plus tard.
*
Je me dirige ensuite vers la Drum
Tower qui marque le centre de la ville ancienne, au nord-est
duquel se trouve le quartier musulman et la grande mosquée,
remontant elle aussi au 7e siècle EC.
Je m'y aventure après une salade de
poulet, frites au Mac Donald qui en barre l'entrée.
Quelques femmes portant hijab, et des
restaurants visiblement halal. Pas mal de touristes occidentaux ou du
Moyen-Orient aussi. Ne trouvant pas la grande mosquée, je m'adresse
à un groupe de touristes hollandais dont la guide – chinoise –
me dit de les suivre. Je suis donc le drapeau hollandais en
échangeant quelques mots avec des Limbourgeois, peut-être des
parents puisque mes ancêtres paternels viennent de la région de
Maastricht. Ayant trouvé la mosquée, je les remercie et explore
seul l'endroit.
Je dois reconnaître que mes
dispositions ne sont pas bienveillantes. Je remarque que le minaret,
de style chinois comme d'ailleurs tout l'ensemble architectural,
jardins, bains et salle de prière – interdite aux infidèles –
est très court et trapu. Sans doute les dynasties – Tang, Song,
Yuan, Ming et la dernière, Ching, sous laquelle la mosquée fut
reconstruite, veillèrent-t-il toujours à ce que le priapisme propre
à cette religion ne puisse trop ouvertement se développer.
Le guide chinois d'un autre groupe,
composé d'Allemands, me dit que les musulmans chinois lisent le
Coran et prient en arabe et en chinois. Allah se dit également
« allah » en chinois.
Globalement l'ambiance du quartier sans
être agressive ou tendue n'est pas particulièrement chaleureuse et
sachant ce que je voulais savoir, je quitte l'endroit sans regret.
Pour la première fois depuis mon
arrivée en Chine, le 12 septembre, les soirées commencent à
fraîchir. Nous sommes il est vrai à quelque 1500 km de la côte au
centre de la Chine historique, beaucoup plus continental que Pékin,
et les montagnes de l'Ouest sont relativement proches.
Les chats chinois dédaignent-ils le
lait ? J'ai eu beau insister auprès de l'un d'eux pour qu'il
accepte un godet de lait reçu dans un café. Rien n'y fit ... J'en
conclus que les Chinois, qu'ils soients hommes ou chats, n'aiment pas
le lait et les produits laitiers. Le réceptioniste du Jano Belgian
Guesthouse, sous les remparts sud de la vielle ville, près de Nan
Men donc, me dit que les chats chinois aiment en général le lait.
Ce chat-là, insiste-t-il, ne l'aime pas.
Kaifeng. La Chine, le pétrole, l'islam et la Russie
Journal Chine 2012
Kaifeng le 19 septembre 2012
Une semaine exactement après mon
arrivée à Pékin, où je logeais au Alley Garden Hotel dans un
hutong proche du Temple des Lamas.
Mes motivations pour ce troisième
voyage en Chine, alors que j'approche les 68 ans.
Après ma découverte du monde chinois
en 1983 – Taiwan, Hong Kong, Shenzhen – et un voyage à Shanghaï,
Nanjing, Suzhou, Hangzhou, Yangzhou en 1999 ou 2000 alors que je
travaillais à Hanoï, je voulais voir le Nord, Pékin, les anciennes
capitales du Fleuve jaune – Kaifeng, Luoyang, Xi'an – et si
possible faire une incursion dans l'Ouest et le Sud-Ouest, avant de
faire un saut à Bangkok pour y saluer Thierry Theuwissen et de
revenir à Pékin aux environs du 5 novembre en vue d'un possible
retour en Belgique le 15 novembre, à moins que je ne continue mon
séjour en Asie jusqu'à l'année prochaine.
Un autre thème guide cependant cette troisième aventure chinoise : alors que les relations
entre l'Occident et le monde musulman s'enveniment après la mise en
ligne sur YouTube de The Innocence of Muslims, au point de voir les
ambassades US du Caire et de Benghazi détruites par des groupes
armés spontanés, et Chris Stevens, ambassadeur américain à
Benghazi, pourtant « arabophile » et ayant contribué à
la récente chute de Khadafi, trouvé inconscient dans l'ambassade en
flamme et peut-être achevé par ses « sauveteurs », je
veux tenter d'évaluer la qualité des relations entre les Han et
l'islam et plus particulièrement la minorité musulmane des Hui
présente, en dehors de leur berceau du Ningxia, dans toute la
Chine, entre autres à Pékin et Kaifeng.
Dans un article du China Daily (15
septembre) , intitulé Washington needs to rethink [its
Middle-East] policies, citant Yao Kuangyi, ancien ambassadeur de
Chine en Turquie, Zhou Wa ne déguise pas un sentiment sans doute
partagé par beaucoup en Chine : Washington et l'Occident se
sont trompés en cherchant à s'attirer les sympathies des
populations du Moyen-Orient arabe par leur support aux révolutions
du Printemps arabe. L'Occident aurait en fait été utilisé par les
extrémistes islamistes.
Premier contact avec Pékin très
positif, grâce à l'intermédiation de William Peter-Riquet,
Français ami de Louise Favre, et y travaillant dans l'hôtellerie
depuis trois ans. Il m'a trouvé un hôtel bien situé, dans un
quartier calme du centre de la ville, et pas trop cher. 170 Y la
nuitée, soit un plus de 20€. Il s'agit en fait d'une de ces
maisons (si hé yuan) typique du vieux Pékin, organisées
autour d'une ou deux cours intérieures communiquant. Un arbre dans
chacune des deux cours où le jour de mon arrivée souffle une brise
tiède très agréable. Des plantes vertes, deux chats et un
personnel très correct. Leur anglais est élémentaire mais j'arrive
quand même à interviewer l'un d'entre eux sur l'islam et les Hui.
Il semble vouloir me dire que les
musulmans chinois sont chinois avant tout, et très différents des
Arabes. Ils vivent entre eux me dit-il mais ne sont pas de ce point
de vue différents d'autres minorités chinoises et leurs femmes ne
portent ni hijab ni niqab - le voile complet. Mais, semble-il vouloir
ajouter, si elles le voulaient, elles le pourraient. En Chine, on
s'habille comme on veut ...
La Chine a déjà fait des concessions
considérables à cette minorité – droit d'avoir plus d'un enfant
– et pourrait en faire d'avantage, dans le but bien sûr, comme
l'Occident le fit il y a quarante ans, de s'assurer la sécurité
des approvisionnements pétroliers. D'après le China Daily (13
septembre) des accords seraient en voie d'être conclus en vue
d'ouvrir le Ningxia, précisément, à des investissements arabes du
Golfe. Pour faire face à la crise financière et à la chute des
exportations vers les USA et l'UE, d'après les déclarations de son
Vice-Premier, Li Keqiang au cours du troisième China-Arab States
Economic and Trade Forum à Yinchuan, capitale de la région
autonome du Ningxia – où vivent 2,2 millions de musulmans Hui –
la Chine envisage d'ouvrir plus largement ses régions occidentales
en y permettant « an inland opening-up trial zone ... and a
comprehensive tax-free zone » dans les domaines de la
finance, des énergies renouvelables et des produits chimiques ;
en échange la Chine investirait dans les technologies, les
infrastructures et la modernisation de l'agriculture dans les pays
arabes.
La coopération entre la Chine et les
six pays arabes du Golfe remonte à 2004 avec l'inauguration des
China-GCC (Gulf Cooperation Council) free tradee agreements talks.
En huit ans et cinq rounds les échanges ont augmenté de 44,5 % pour
atteindre 133,8 milliards ; les exportations chinoises vers ces
pays auraient augmenté de 30% et leurs importations de ces pays de
53,8%. La Chine et les pays du Golfe voudraient atteindre les 300
milliards de dollars d'échange en 2014.
Le China Daily du 18 septembre
cite Jamila Matar, directeur du Département de l'énergie de la Ligue notant
que « la relation entre les pays arabes et l'Occident est
instable. Le moment serait venu d'intensifier la coopération entre
la Chine et les pays de la Ligue arabe en matière d'énergie –
pétrole et gaz – étant donné l'accélération de la production
du gaz de schiste aux USA – couvrant déjà 35% de leurs besoins –
alors que la Chine aura de plus en plus besoin du pétrole et du gaz
arabes » (Third China-League of Arab States Energy
Cooperation Conference, Yinchuan, Ningxia autonomous region).
La China National Petroleum Corp
(CNPC) investit déjà dans 22 projets (raffineries) de production de
pétrole et gaz dans les pays arabes, dont sept au Soudan, un en
Irak, et des perspectives en Algérie, laquelle a surtout travaillé
avec des compagnies occidentales. Sinopec (China Petrochemical Corp)
aurait coopéré avec treize pays de la Ligue des pays arabes. La
Chine aurait en 2011 importé de ces pays 54% de son pétrole brut.
Dans le même numéro du China Daily,
He Wenping, director of the African Studies Section of the Chinese
Academy of Social Sciences, analysant les causes, multiples de
l'animosité entre le monde musulman et l'Occident, parmi celles,
proches, objectives et reconnues par tout le monde, en mentionne
une qui l'est moins : un prétendu « sentiment inhérent
de supériorité culturelle et un manque de tolérance pour les
autres religions ». Sur ce point, He Wenping est soit mal informé
soit de mauvaise foi. Il continue
notant que l'Islam représente 1,5 milliard de fidèle, dépassant
ainsi le catholicisme. On comprend à cette remarque l'obsession
« catholique » de la Chine et son opposition à une
réelle autonomie de l'Église
catholique en Chine. Celle-ci représente – représentait ? -
effectivement une puissance redoutable que nous, nés dans des pays
de culture catholique, ne percevons parfois pas clairement. On peut
comprendre qu'un pays comme la Chine où l'Etat a traditionnellement
été considéré comme une expression du divin ne veuille pas d'une
telle concurrence incontrôlée. La Chine contrôlerait-elle mieux
sans perdre son identité un islam où le pouvoir est beaucoup plus
diffus ou moins centralisé, se partageant entre quelques oulémas,
universités et least but not least
chefs de clans ou de tribus. Ce dernier lieu de pouvoir trait donne
d'ailleurs à l'islam, sunnite surtout, des traits qui lui sont
communs avec les associations mafieuses.
D'après He Wen
Ping, l'islam serait vu par l'Occident comme une religion extrémiste
et cela « surtout depuis 11 septembre 2001 ». L'Occident
devrait « apprendre à respecter les autres civilisations,
cultures et religions ». Il termine sa copie en mentionnant
l'étonnement de Hillary Clinton : comment est-il possible que
des gens que nous avons aidé à libérer, dans une ville que nous
avons aidé à sauver de la destruction, s'en prennent à nous au
point de tuer et sans doute profaner la dépouille de notre
ambassadeur ?
Pour le Chinois la
réponse est simple : cela n'est que rétribution prévisible
pour avoir aidé la « démocratisation » dans un pays qui
n'était pas mûr. Il ne peut ou ne veut, pas plus que Clinton
peut-être, voir la véritable source de l'insupportable paradoxe :
le devoir fait aux musulmans de tromper l'infidèle.
Considéré à posteriori, voilà ce qui s'est en fait passé : les Lybiens et Egyptiens, en bons musulmans qu'ils sont pour la majorité, ont fait payer les frais de leur libération – ont utilisé l'Occident – pour se débarrasser des dictateurs qui barraient la voie à la « démocratie » islamique.En s'en prenant à leurs dictateurs, ils s'en prenaient déjà à l'Occident mais, perversité suprême, ils utilisaient l'ennemi ultime (l'Occident) pour éliminer l'ennemi proche (les dictateurs).
Considéré à posteriori, voilà ce qui s'est en fait passé : les Lybiens et Egyptiens, en bons musulmans qu'ils sont pour la majorité, ont fait payer les frais de leur libération – ont utilisé l'Occident – pour se débarrasser des dictateurs qui barraient la voie à la « démocratie » islamique.En s'en prenant à leurs dictateurs, ils s'en prenaient déjà à l'Occident mais, perversité suprême, ils utilisaient l'ennemi ultime (l'Occident) pour éliminer l'ennemi proche (les dictateurs).
*
Je me rends vite compte que mes
habitudes en tant qu'utilisateur d'internet vont devoir changer. Pas
moyen de me connecter à Facebook et je n'arrive pas à ouvrir
certains articles contenant les mots « islam »,
« racisme », ou « révolution », entre
autres. Sur la TL, aucune chaîne étrangère. J'étais prévenu,
mais suis quand même un peu étonné. Au Vietnam il y a deux ans, on
recevait CNN même si certains programmes étaient censurés.
Kaifeng, le 20 septembre 2012
Je retrouve un numéro du Herald
Tribune (11 septembre) lu dans l'avion qui m'amenait à Pékin. Un
article intitulé Land-rich Russia lures cash-poor Chinese m'y
apprend qu'entre la Russie, riche en terre mais pauvre en hommes et
la Chine riche en main d'oeuvre et relativement pauvre en terre, un
nouveau type de coopération s'installe. Des investisseurs chinois
sont autorisés non seulement à leaser des terres le long de la
frontière chinoise du Nord-Est et en Sibérie – où ce sont des
exploitations forestières qui dominent - pour y employer de la main
d'oeuvre chinoise mais aussi à acheter des terres en Russie centrale
jusqu'aux abords de Moscou et de Saint-Pétersbourg où ils emploient
des saisonniers chinois dans les cultures céréalières et
maraîchères. Cette main d'oeuvre y est payée jusqu'à cinq fois
plus qu'en Chine.
La Russie voudrait porter ses échanges
avec la la Chine de 80 milliards en 2011 à 200 milliards dans un
avenir proche encore indéterminé. Par comparaison les échanges
Chine-USA se montaient à 503 milliards en 2011.
S'il y a des incidents entre Russes et
Chinois, ils sont relativement peu fréquents. Pas encore
d'histoire d'amour, mais d'après plusieurs babouchkas (grand-mères)
rencontrées au marché, note le journaliste, Andrew E. Kramer,
« Russes et Chinois peuvent coexister paisiblement dans les
campagnes russes ».
Les peuples qui échangent leurs femmes
– pratiquent le mariage mixte - ne peuvent se faire éternellement
la guerre. Or c'est bien le cas tant des Chinois que des Russes
post-communistes. Dans ces sociétés foncièrement exogames, une
fois les premiers étonnements et premières résistances dépassés,
après une ou deux générations, une certaine familiarité
s'installe, on s'assoit autour de la même table et en l'absence de
tout interdit alimentaire ou autre obstacle légal ou religieux, le
processus d'intégration s'entame.
Il y aurait actuellement 400 000
Chinois en Russie, 3,5 % seulement de tous les immigrés venant
essentiellement des anciens états soviétiques d'Asie centrale, mais
l'immigration chinoise pourrait bien augmenter. N'est-ce pas à
souhaiter ?
Envoi groupé le 21/9/12
Going back to China
I have been in China several times, the first time in 1983, to Hong Kong, and then Shenzen when it still was a big sleepy town. Then at the end of the nineties to Shanghai, Nanjing, Suzhou, Hangzhou, Yangzhou. This time, I visited Beijing and the ancient capital cities of Kaifeng, Luoyang and Xi'an in September before spending October in Thailand and Lao. Now I am in Hanoi for some days or weeks, I don't know yet, as the Tonkin weather in this part of the year is paradise, and I am in no rush to leave. I take advantage of this pause to put down notes taken in China, Thailand and Laos in September and October. My next destinations are Kunming, Dali, Chengdu and back to Beijing by the end of November.
But the purpose of this tour around East-Asia, as hygiene and safety conditions in India and Nepal begin to worry me, is not only to find alternative landing pads for my yearly winter migration but also to evaluate where this part of the world stands with regard to Islam and Muslims, as well as whereto it is trending. Of special interest to me, as news and data from China are scarcer on this subject, is to get a feel of how the Chinese interact with their Muslim minorities, collect opinions of some resident expats, and of the possible impact of intensifying economic relations between China, oil producing middle-eastern countries ,AfPak and Africa on Chinese "public opinion".
Hereafter I will post travel diary entries that, as I had trouble connecting to Blogger in China, I have already sent by mail to a selection of correspondents. Those entries are in French.
Theravada Buddhism, State and Violence
Here under a link to my DEA thesis, in French, on "Theravada Buddhism, violence and the state" (Le bouddhisme theravada, la violence et l'état, 2007) :
http://www.memoireonline.com/09/08/1514/m_le-bouddhisme-theravada-la-violence-et-l-etat.html
and a "résumé"of it, in English, that was published as an article in the review Hieron (Copyrights : Hieron, Comenius University, Bratislava, 2012) under the title
http://www.memoireonline.com/09/08/1514/m_le-bouddhisme-theravada-la-violence-et-l-etat.html
and a "résumé"of it, in English, that was published as an article in the review Hieron (Copyrights : Hieron, Comenius University, Bratislava, 2012) under the title
Theravada
Buddhism, State and Violence: Scriptures, Principles and Realities
This article is
a summary of a dissertation on Theravada Buddhism and
violence1
presented by Jacques Huynen in June 2007, for the postgraduate
DEA Diploma of Advanced Studies2
in History of Religions at the University of Liège, Belgium.
In that dissertation Jacques
Huynen attempts to identify and explain the features of religion
connoted violence, endemic to this day in countries where Theravada
Buddhism prevails. To that effect he explores the textual basis of
the Theravada doctrine regarding violence and contrasts it with
realities on the terrain to find that fusion of religious, ethnic
and/or national identities might represent there a key variable among
possible explanation factors for the persistence of that type of
conflict in the Theravada world while it has almost completely
disappeared from countries where Mahayana prevailed3.
Introduction
Abstention from anger and violence is the most basic
tenet of Buddhist ethics. But while Walpola Rahula’s contention
that not a single drop of blood has been spilled for the propagation
of Buddhism4
can be admitted inasmuch as it never caused massive violence such as
the Crusades or Jihad, most recognize now that violence is absent
neither from Buddhist societies, nor from the relations between
Buddhist countries and even between Buddhist institutions: monks’
sanghas
and nikâyas.
Being familiar with Theravada countries where I
frequently travel, my interest in the specific features of violence
in these countries was triggered by the reading of Buddhism and
Violence, edited by Michael Zimmerman (Lumbini International
Research Institute, Lumbini, 2006), which covers both Theravada and
Mahayana. Intrigued by the fact that the phenomenon of violence in
which religious factors play a role has almost completely disappeared
from the Mahayana since the end of the Middle Age (14th
CE), and completely since the end of the Vietnam War5,
I set out to investigate and extricate some of the reasons why until
present, religion connoted violence has remained a sad characteristic
of Theravada countries and societies. Putting aside the international
conflicts between them as states, still recently Sri Lanka, Myanmar,
Thailand, all went through bouts of internecine violence, either
motivated by, or in which religion enters as a variable. The
independence of Sri Lanka in 1948 was soon followed by social
conflicts and a war, civil and military, between the mostly Buddhists
Sinhalese and Christian or Hindu Tamils, that is still going on. In
Myanmar, hostility between the Burmese Buddhist majority and
religious or ethnic minorities remains chronic. And in the deep South
of Thailand the unresolved irredentism of three Muslim provinces,
almost forgotten after two decades of that country’s fast
development, has resurfaced over the last decade and is making
headlines again.
While in East-Asia countries such as Japan, Korea,
China and Taiwan have as nations and states, been at war with some of
their neighbors, religion was conspicuously absent from these
international conflict motives, which were essentially political,
territorial or economical. Besides, these countries’ economical
development continues unabated, leaving on their Southwestern flank a
Theravada world stranded in the throes of underdevelopment, poverty,
civil war, coups d’état, a situation that evokes the
troublesome Balkans lagging behind its more developed and stable
European neighboring states.
My dissertation consists of two main parts (not
counting the Introduction and Conclusion):
- Les Textes, dedicated to the doctrinal stand of Pâli literature with regard to violence, incidentally compared with that of Mahayana literature. In that section I translated into French passages from four suttas (Aggañña, Cakkavatti and Mahâparinibbâna and Adhammika), three Jâtakas (Sumangala, Bikkhâparampara and Mûgapakkha) and from the extra-canonical Mahâvamsa, dealing with the State, violence and punishment.
- La Réalité in which, drawing from more recent historical and sociological secondary sources, in English and French, as well as a long familiarity with Buddhist milieus in that part of the world, I compare the doctrinal stand of the Canon regarding violence with reality both past and present on the ground, in and between countries where Theravada Buddhism has been the dominant religious tradition for various lengths of time, more than 2000 years in Sri Lanka, barely one thousand in Indochina.
This Summary will follow the same pattern. I will in
the first part deal with the textual Pâli tradition relevant to our
subject, delineating the ideological matrix that Collins has coined
the Pâli imaginaire6
and in the second part try to track the ideology’s various
avatars through the history of the Theravada world.
I. The textual tradition
The basic political philosophy and mythology of
Theravada Buddhism is contained in three suttas, of which I
translated long passages: the Aggañña Sutta which puts a
description of the genesis of the state and monarchy in the Buddha’s
mouth, the Mahâparinibbâna, which many think shows the
Buddha’s preference for a republican system, and the Cakkavatti
Sutta, where we find the picture of the ideal cakkavatti
or Universal Monarch.
I will hereafter summarize the content of these
three texts.
The Aggañña Sutta
Consistently with Buddhist psychological and ethical
views, crime and violence stem out of envy, rooted in desire or
craving. At the beginning says this sutta, human beings were
asexual and almost purely «mind made, feeding on joy, self-luminous,
floating in ether, dwelling in glory»:
mayam
hi pubbe manomayā ahumha pīti-bhakkā sayam-pabhā
antalikkha-carā subhaṭṭhāyino (DN
III, 27.18 /PTS iii 92)
It is craving for a special food, which suddenly appeared on the
surface of the primeval waters that precipitated the whole subsequent
unhappy evolution, giving birth in sequence to differences in
physical appearance, to craving for sex, then – in order to conceal
sexual shame – to craving for private property of land and the
ensuing endemic conflicts. It is in order to put an end to these that
the idea arose in humans to choose among themselves the most handsome
and charismatic man as a leader, to entrust him with keeping order,
admonishing, judging and punishing, and repay him with a share of
rice, the first taxes :
[Y]an’
nūna mayam ekam sattam sammaneyyāma. So no sammā khīyitabbam
khīyeyya, sammā garahitabbam garaheyya, sammā-pabbājetabbam
pabbājeyya. Mayam pan’assa sālīnam bhāgam anupadassāmāti (DN
27.20/PTS iii 94)
which
I translate : «What about electing one [human] being who when it is
right to denounce, would denounce, when it is right to scold, would
scold, and when it is right to banish, would banish ? And we would
let him have a share of [our] rice»
The Mahâparinibbâna
At the beginning of this most famous sutta, we
find a passage7
in which many scholars have seen the advocacy of a republican or
democratic system of government.
The issue of violence is not explicitly addressed in it but it shares
with the Aggañña a rather democratic bent, and states that
governance should be based on consensus. It also contrasts sharply
with that of the following Cakkavatti Sutta where monarchy is
clearly hereditary and the ideal king’s features, despite his
stated duty to consult experts before taking decisions, is rather
that of an enlightened despot.
The Cakkavattî Sutta
This Sutta8
states that the power of the cakkavatti must be deserved, that
it can be inherited but not automatically, that it results from a
sort of Heaven’s mandate of which the icon, appearing in the sky at
every beginning of a new reign, is the cakkaratana, which I
translate «jewel shaped as a helm». Some of the characteristics of
the cakkavatti’s power is that it is based on the dhamma9
[dhammena : through the «rule of law» ] and is spread through
persuasion without resorting to violence (asatthena). It is
precisely the failure of the eighth successor to Dalhanemi, the
archetypal cakkavatti, to consult with his council of experts,
and the mistakes he commits thereafter, that keeps the cakkaratana
from appearing in the sky, obliges the king to resort to violence in
order to maintain public order and precipitates a cycle of decadence,
several thousands of years long, leading to a state of violent
anarchy reaching down to the intermediate «sword-time period»,
lasting one week, during which humans will consider each other as
mere beasts and preys. The survivors, understanding the cause of
their sorry state, will then gradually adopt rules leading back to
healthier public behavior and initiating an upwards trend culminating
with the appearance of a new ideal cakkavatti, Samkha, soon
followed by Metteyya, the Buddha to come, here mentioned for the
first time in the Pâli literature10.
If one of the main lessons of this sutta may be summarized as
being that crime may not be rewarded but that punishment must be
proportionate to its severity, and that violent punishment is
counterproductive, the textual tradition, so far, seems to confirm
the commonly accepted image of Buddhism as promoting a most pacifist
political philosophy. Let us turn now to the Jâtakas.
The Jâtakas
Although numerous violent episodes occur in these
tales of the Buddha’s former births, the three jâtakas I
selected will not contradict the overall picture left by the three
foregoing suttas. One of them, the Mûgapakkha Jâtaka
(Ja, 538, 15–25) even seems to push non-violent ethics a bit
further, to the fringe of an utopia where no salvation is possible
but in a society where everyone is a monk, non-violent by definition.
Let us start with the Sumangala (Ja
420, 3:441-2), which teaches that a king should not
make a decision or pronounce a judgment when angry — quite
reasonable even for non-Buddhists. A bit more utopian is the
Bhikkhâparampara Jâtaka (Ja
496,13) which
shows that in a kingdom ruled by a dhammarâja (king following
the dhamma) courts of justice become empty and redundant. An
other text, the Adhammika Sutta11,
although not a jâtaka, follows the same utopian inspiration
since it predicts that the respect or non-respect of the Law or
Dhamma by rulers impacts on Nature itself, climatic phenomena
and the course of stars and planets. Finally, the Mûgapakkha
Jâtaka tells us the story of Prince Temiya who was reborn in
a royal family where he himself had already been king in a former
life. The baby, after having seen his father cruelly punishing four
thieves, remembered that his former experience as a king had caused
him to spend eighty thousand years in the Ussada purgatory. The
overall message is that the status of king — that can always lead
its incumbent to having to exert violence — is incompatible with
hope for salvation. Very frightened by the prospect of having to go
back to the Ussada purgatory if he were to be king again, after
growing up, he escapes to the wilderness and becomes a hermit. The
king finds his whereabouts and impressed by his son’s superior
intelligence, converts to the Dhamma with all his family,
becomes a hermit himself, and opens the borders of his kingdom to all
the neighboring kings. All become hermits. Peace and harmony settle
in before spreading around the world.
With the Mûgapakkha we reach the utopian
acme of what Collins calls the Pâli imaginaire. For Collins
(p. 565) «The universal Buddhist Dhamma has either to inscribe
violence into oneself (no easy task, given the basic postulates of
its soteriology) or to push it outside, and in so doing risk pushing
itself out of any sphere of relevance to productive and reproductive
communities.»
What happened between the canonical texts we just
read — probably composed before the first century CE and put to
writing in Sri Lanka around the beginning of the common era — and
another, non-canonical text, that dates? much later (fifth century
CE), the Mahâvamsa or Ceylon’s Great Chronicle, in which
murdering heretics is not only condoned but, in certain
circumstances, recommended?
Most probably, after being for about a thousand
years, from Asoka (3rd century BCE) to Harsa (7th
century CE)12
at different times and in different parts of India the dominant, or
one of the most important religions, starting with the Hindu
Renaissance of the 5th century CE, pressure began to be
felt on Ceylonese Theravada from both Tamil Shivaist revivalism in
South India and a Mahayana offensive. As Collins (ibidem) puts
it, «The pre-modern pâli imaginaire was an elite ideology»,
and that of a protected elite indeed, which suddenly had to confront
challenges it was not used to.
The Mahâvamsa
While in Mahâyana literature two canonical texts,
the Mahâparinirvâna Sutra and the Tibetan Kala Cakra
allow and even advise violence against the icchantikas or
enemies of the Dharma13,
in the Theravada canonical literature violence remains absolutely
forbidden. It is not before the 5th century CE that a
non-canonical Chronicle, the Mahâvamsa14,
retrospectively absolves king Dutthagamini (2nd century
BCE) having massacred thousands in order to repel an invasion of
Tamil heretics.
In the book XXVth of the Mahâvamsa,
we read that after the battle, King Dutthagamani, resting in a
splendid environment, is supposed to celebrate his victory over the
Tamil King, but crushed by a feeling of guilt for having killed so
many human beings, he feels no joy at the thought of his achievement.
Eight arhats, or completely enlightened monks fly through the
air and land on his terrace to comfort him. Dutthagamani tells the
arhats of his worries. The arhats reply that he should
not feel guilt, for he killed only «one man and a half», one who
was a Buddhist monk, and one who was a Buddhist layman having taken
the five minimum vows. The remaining, as heretics or non-Buddhists,
were mere animals. Furthermore, as he fought to defend the Dhamma
and the monks’ Sangha, when he dies he will go to the
Tusita heaven and remain there in the company of Metteyya, the Buddha
to come.
In book XXXVII (26–31) relating to a much later
event, probably occurring a short time before the Chronicle itself
was put to writing, it is the murder of two Mahayana followers that
is excused.
II. Reality
Historical outline of Theravada
India
Theravada, as a school
distinct from the other 18 most ancient Hinayana schools, originated
in India at the 3rd Council of Pataliputra (Patna), under
Asoka, in the 3rd century BCE. It benefited from Asoka’s
patronage and spread widely over all the parts of India controlled by
the Mauryas and beyond, but nowhere was it ever the only «official
religion». By the 7th century CE, it had almost
disappeared from the subcontinent, yielding ground to the Hindu
Renaissance initiated with the Guptas, to the progress of Mahâyana
Buddhism, and soon of Islam, except for a few pockets in Kalinga,
Orissa and, most notably, Ceylon.
Ceylon
When Asoka’s son
Mahinda reached Ceylon, the island was probably less densely
colonized by Aryans than Northern India and therefore brahmanisation
and caste structure must have been shallower there. Consequently it
may have been easier for Buddhism to impregnate a society that was
still predominantly tribal and animistic. The Aryan nobility tracing
back to Vijaya may have found Buddhism more efficient than Brahmanism
for social integration. In any case, the concept of state in Ceylon
must have been from the outset, or very early on, that of a Buddhist
state which did not have to seriously compromise with or accommodate
to the brahmanical state model.
Theravada became, and still is, the majority
religion in Ceylon, that of the Sinhalese. The first war between a
Sinhala kingdom and Northern Tamils who had kept their identity and
language is the one, involving Dutthagamani that we just mentioned in
the above section. It is presented as a reaction not to migration but
to an invasion since the city of Anurâdhapura had been taken. About
seven centuries later (5th century CE), following the
progress of a brand of Shivaism hostile to Buddhism in South India, a
first definition of a Sinhalese identity, based on religion, comes to
head in the Mahâvamsa. Thence, that identity newly defined in
opposition to Tamil unbelievers, will keep consolidating at the same
time as Theravada slowly yields grounds on the continent. In the 12th
century CE, in answer to the occupation of the island by the Chola
South-Indian dynasty, a reconquista war is led by the hero of
the Polonaruwa period, Parakramabâhu. The following centuries, until
the arrival of the Portuguese, will see repeated incursions of Tamil
and Kalinga princes with their «gangs» (Tambiah, op.cit.,
1992, p. 140) which will precipitate the fall of the Polonaruwa
kingdom in the Center of the island. The desertion and drying up of
that area still divides the island between a Southern Sinhalese
domain and a Northeastern Tamil majority region. The Sinhalese/Tamils
antagonism still can be seen in the middle of the 19th CE
when the elite of Kandy, the last independent Sinhalese kingdom,
calls the British to the rescue in order to get them rid of the
Nayakkar, a Tamil dynasty suspected to be Buddhist only in name.
Meanwhile, starting from around the 8th
century CE, Theravada had bounced back from some of its residual
pockets and niches in Eastern India to take root in Indochina. By the
11th century, its followers there were ready to turn to
Ceylon, the only country of the Indian world where Theravada had
remained dominant, for religious inspiration (texts, monks and
relics) as well as for trade, and occasionally, war.
Indochina
Indians contributed to the emergence of the first
Indochinese States as early as the 2nd and 3rd
centuries CE, but, strangely enough, on the Easternmost shore of the
peninsula, on the China Sea: Champâ, in present days South Vietnam,
and Funan, the forerunner of Cambodia. Meanwhile, the hinterland and
most of the Indochinese subcontinent was to remain for several more
centuries a wild area occupied by scarce animistic forest tribes, a
bit like what Ceylon must have looked like when the first Aryans
reached it, soon followed by the first Buddhist missionaries. It is
there that Theravada was, starting from the 5th –7th
centuries CE, to successfully take root and impress its model of the
state in an rather virgin area with as a result some sort of
confusion between national and religious identity that cannot be
observed in the Mahayana countries, Tibet excepted.
I did not go in my dissertation over the
details of Mahayana’s history. But most will admit that it is a
deeply sinicized Mahayana that spread to other parts of Eastern Asia,
Japan, Korea and Vietnam, after having accommodated to pre-existing
Chinese religions, the social system and political philosophy, where
Buddhism holds towards society and the state a position very
different from that it held in Indian types of polities, and never,
in Tibet excepted, an undisputed or monopolistic one.
*
In the areas where Theravada eventually prevailed,
just as belonging to the Christian faith did not prevent European
nations from waging war against one another, allegiance to the same
school of Buddhism did not keep Theravada countries from conflicting
relationships.
The first unifier of Burma, Anuruddha
(Anawrahta/Anôratha :1044–1077) had his
capital and base in Northern Burma near Pagan where a decadent
tantric Mahayana had spread from neighboring Bengal. Finding the Mon
Theravada of the central and southern regions more to his taste,
he requested texts and relics from King Manuha of Thaton, equally
Burmese, in Lower Burma. Manuha refused, giving so a pretext to
Anuruddha for invading his kingdom, unify Burma and import Theravada
from Thaton to Pagan15.
Anuruddha also established the first official
contacts between a Theravada Indochinese country and Ceylon,
inaugurating a pattern of exchanges between Ceylon and Indochina
which, after a brief trade war between two of their successors, the
Sinhalese Parâkramabâhu (1153-1186) and the
Burmese Alaungsithu, continued almost uninterrupted despite
incidents often related to relics, the possession of which was an
important symbol of power and protection from above.
Anuruddha had initiated, in the relationships
between Theravada countries a pattern that we could call the
Anuruddha syndrom, that is the competition between Theravada
countries for the possession of the Faith symbols, as well as for the
purity, not so much of the orthodoxy, but of the orthopraxis, or
observance, of their respective monastic lineages or nikâyas,
which provided them with rights to the leadership of the
Theravada world. That competition took at times a violent turn,
reminiscent of the contest between Christian monarchs — the Very
Christian King of France, the Very Catholic King of Spain, The Holy
Romano-Germanic Emperor, the British King, Defender of the Faith —
as to who was « more Catholic than the Pope ».
In those interactions, although supply and demand
regularly came from both sides, Ceylon always enjoyed a special
prestige as the oldest Theravada country where the Canon had been
conserved and put to writing around the turn of the CE. In comparison
Burma, coming into existence as a distinct entity from the 10th
century CE, Thailand from the 13th century CE, and Laos
even later, were much younger nations.
From the 11th century CE, the Mons and
Pyus having been reduced, the history of the peninsula is that of the
Burmese and Thais repelling the Khmers to the South-East (which was
achieved in the 13th century CE) and converting them to
Theravada (which had begun even earlier, under Jayavarman VII
himself) before coming themselves into conflicts that are not quite
over yet. From the 13th century on to the 19th
century CE, the history of the peninsula is that of the difficult
relationship between Burma and Siam.
As we said, some of these wars had religious motives
or pretexts (Hazra, op.cit,1981, p. 164–165). One of the
first attempts to invade Ayutthaya by the Burmese in the 16th
century CE aimed at capturing white elephants, distinctive emblems of
a dhammarâja or Buddhist sovereign (Hazra, op. cit.,
p. 120 and 165). After Ayutthaya was finally taken, the Sâsanavamsa
tells us that Anekasetibhinda (Bayin Naung) sent the Thera
Saddhammacakkasâmi and prince Anuruddha to Siam in order to
«purify the religion there» (Hazra, op.cit., 1981, p.
138–139).
Between Laos and Thailand
the tension and recurrent conflicts partly pertain to the fact that
Thais and? Laotians are ethnically and linguistically related, whence
the permanent temptation for Thailand to attract or maintain her
small cousin in her orbit. In 1777 Vientiane is taken by Phaya Tak,
who had restored Siamese independence after a Burmese incursion. In
Vientiane he took the Phra Keo, a precious emerald statue of the
Buddha, and brought it over to Bangkok where it can still be
worshiped at the Wat Phra Keo. In 1828 the Siamese invaded Laos
again, destroyed Vientiane, deported part of its population to the
Thai North-East (Issan), and occupied Champassak. On the eve of the
French colonization, the North and East being occupied by Vietnam,
there was of Laos only the Luang Prabang principality left16.
Monks
in politics : Monk-kings and King-monks
In Indochina, kings frequently became monks and vice
versa17.
In Burma, King Dhammaceti (15th century CE) was a
monk in Ava (North) before becoming king of Pegu by marrying the
daughter of Queen Shin Sawbu whom he had helped flee Ava where she
had been married to the local king against her will (Hazra, 1981, p.
108, in note).
Thibaw, the last king of Burma (Trevor Ling, Idem,
p. 68), who after having been a monk, massacred his rivals to become
king before being finally forced by the British to abdicate in 1885.
The way he had gotten the throne did not prevent Burmese
nationalists, and amongst them many Buddhists, to consider him to be
a martyr.
In Thailand, Mahâsami,
grand son of Pha Müöng, who had helped Râma K’amhèng
to establish the Sukhodaya kingdom, left the royal cloak for the
robes of a forest monk, living on roots and fruit « as a
Sinhalese monk » (Hazra, Idem, p. 151 and G. Coedès,
op. cit., pp. 398–399). Lü T'ai, son of King Lö T'ai of
Sukhodaya became a monk in 1361 after losing his kingdom to the first
king of Ayutthaya, Râmâdhipati18.
The phenomenon became specially remarkable in the XVIII th
century(?). After the taking of Ayutthaya by the
Burmese, local centers of power emerged here and there in the
country. In Sawangbury, North of the central plain near Sukhodaya, a
Buddhist monk called Ruan took control and appointed some of his
colleagues as generals and officers. He also considered it to be
within the scope of his competence to monitor the Sangha’s
training, both moral and physical. Around 1777, as he started to
manifest symptoms of eccentricity, his general Phraya Chakri took
over and in 1782 moved the capital to Bangkok where he founded the
present Chakri dynasty (Trevor Ling, Idem, p. 51). Two
of the Chakri kings, Mongkut et Chulalongkorn, were monks before
accessing the throne, and several princes ended up as Thailand
Supreme Patriarchs of the Sangha..
In Burma King Alaungpaya, founder of the
Konbaung dynasty identified himself as a Cakkavatti and
Metteyya combined, before besieging Ayutthaya (Collins, p.
398) in order to reform the faith there. The Siamese wittily replied
that if he really was Metteyya he should be standing in the
Tusita Heaven rather than before the walls of Ayutthaya.
The
20th
century
A striking paradox of the politico-religious scene
in the Theravada world is that in Sri Lanka and Myanmar the Sangha
shows a pro-Marxist bent to the point of seeing in the Buddha a
forerunner of the socialist ideology and/or the welfare state, while
in Thailand anti-Marxism is prevalent among monks. In Laos, the
inclusion of the country in the Vietnamese zone of influence did not
leave monks the choice to take a stand, and in Cambodia monks were
among the first victims of the Khmères rouges.
The Thai Sangha’s
anti-communism has at times been virulent. In 1976 Kittivuddho19
a far right monk20,
declared that killing communists did not entail bad karma for
it was an ideology that was aimed at, and not people. Taking perhaps
his inspiration from the non-canonical Sinhalese Mahâvamsa,
he added that « these enemies of the nation and religion were
anyway not really people but wild beasts». The former Junta Chief,
Thanom Kittikachorn, had been obliged in 1973 to flee to Singapore
where he was accepted as a novice and received the lower ordination.
After it was announced in 1976 that he wanted to come back to
Thailand to receive the higher ordination (upasampada) at Wat
Bovornives in Bangkok, street troubles started. The general came back
anyway which triggered more troubles. Hundreds died and a new coup
restored the army to power with a program inspired partly by
Kittivuddho’s Party, the Nawaphon, even if no member of that
Party got a seat in the new junta for, as Charles Keyes (op.cit,
p. 160) remarks, it seems that militant Buddhism makes the Thais,
even the most nationalist, feel uneasy.
In Sri Lanka the Sangha followed two opposite
directions, one we could call conservative, the second socialist or
leftist and nationalist. The colonial era (1505–1948) had been here
longer than in any other Theravada country. That may explain the
strength and periodic reaffirming of the nationalist themes.
In 1948, Sinhalese Buddhists were still the majority
(70–80 %) but felt threatened in their social status. Their
economical basis still was, as before the colonial period, land
property, large, middle and small, while administration, politics,
schools and university were controlled by Christians, Sinhalese or
Tamil, and by a fraction of the westernized English-speaking
Christian-Buddhist elite. Liberal professions were the monopole of
Tamil high castes, and Muslims (7%) controlled large sectors of the
international trade sector. In addition the Sinhala language was
challenged by the increasing use of English. The majority developed a
«minority complex»21
that can be compared to that of the Indonesian and Malay bhumiputras,
although in the case of the Sinhalese, it would be more exact to
speak of buddhaputras22.
Even before independence,
Dhammapala, the fervent anagarika who had led a Buddhist
revival that was later coined « protestant Buddhism», may
have contributed to the hostility of the new Sinhalese bourgeoisie
towards their Muslim competitors, which resulted in the 1915 riots.
Following these, he wrote to the State Secretary for colonies a
letter in which we can read:
The
Muhammadans, an alien people who in the early part of the nineteenth
century were common traders, by Shylockian methods became prosperous
like the Jews. The Sinhalese, sons of the soil, whose ancestors for
2358 years had shed rivers of blood to keep the country from alien
invaders,...today...are in the eyes of the British only vagabonds...
The alien South Indian Muhammadan comes to Ceylan, sees the
neglected, illiterate villagers, without any experience in trade,
without any knowledge of any kind of technical industry, and isolated
from the whole of Asia on account of his language, religion and race,
and the result is that the Muhammadan thrives and the sons of the
soil go to the wall.23
After independence, it
did not bother parties centering on Buddhist «communalist »
themes to ally with new Marxist parties explicitly legitimizing
violence against the «class enemies»24.
The contradiction is difficult to avoid even if one reckons with the
fact that those alliances were often supported by the Amarapura
et Ramañña nikayas which recruit mostly in the middle
and lower castes. The Siam Nikaya, accepting only high
cast goyigama (land owners) in their fold, as well as the
Catholic Church, equally well endowed in real estate, generally
supported the right of center business friendly UNP, also more
tolerant with regard to ethnic, religious and linguistic differences.
In 1959, following a
series of violent incidents with Tamils where monks or «fake monks»
played a role often as inciters more than perpetrators25
S.W.R.D Bandaranaïke, leader of the MEP (Mahajana Eksath
Peramuna: People's United Front) a leftist coalition including
the Marxist party VLSSP, the Basha Peramuna (Language
Front) and diverse leftist independents as well as Bandaranaïke’s
own party the SLFP (Sri Lanka Freedom Party), was killed for
not having followed up with his electoral promises26.
The perpetrator was a monk mandated by a «politician-monk»,
Buddharakkhita, whose Eksath Bhikkhu Peramuna (United Monks Front)
had greatly contributed to the MEP’s victory in 1956.
In the seventies and
eighties, young monks’ activism was reactivated, feeding on themes
such as: opposition to any negotiation with the Tamil federalists and
the terrorist organization LTTE, to any autonomy for the Tamil
majority Northern and Eastern provinces, to the presence of the
Indian Army there – called to rescue in 1987 – to spreading
consumerism and to a free exchange zone promoted by the UNP. On these
themes it is with the JVP—whose program was egalitarian, populist,
nationalist, and Buddhist—that as soon as 197127
militant monks confronted not so much the Tamil minority than the
government (Tambiah, 1992, p. 95 and sq). That solidarity has been
explained by the common rural background of the JVP adherents and the
young monks of the Amarapura and Ramañña nikayas.
After a parenthesis of
about ten years, at the beginning of the 21st century, and
the end of Chandrika Kumaratunga’s reign, monks took to politics
again with clearly nationalist slogans. Judging Chandrika Kumaratunga
too soft with the LTTE and the Norwegian negotiators, they founded a
new party, the JHU (Jathika Hela Urumaya) defending Sri
Lanka’s national and religious heritage. In addition to their
opposing granting any autonomy to the Northern and Eastern provinces,
they added two themes that stress their rightist character. First,
they want to promote a law forbidding unethical conversions,
generally from Buddhism to Christianity, arguing that those
conversions are purchased. Secondly, they oppose the funds from
international donors after the December 2004 tsunami being handed
over directly to Tamil victims through the LTTE.
Mahinda Rajapakse, also a
candidate of the C. Kumaratunga’s SLFP, won the 2005 presidential
elections after promising the JHU to take a firmer stand towards the
LTTE. The two parties signed an agreement rejecting federalism as a
basis of a peace agreement with the LTTE, the terms of the 2002
cease-fire agreement as well as the government/LTTE joint management
of the tsunami funds (World Socialist Website, September 21,
2005, signed Wije Dias).
Consequently, it is with
the backing of a political party managed by monks that the offensive
against the LTTE strongholds in the East and North have resumed.
Presently the Sri Lankan Government has retaken control of the East
and exerts heavy pressure on the North. Although the LTTE has been
listed as a terrorist organization by most western countries,
indiscriminate bombing of civilians inhabited areas by the Sri Lankan
Army, lack of long term political foresight for the period following
a possible victory, and in general neglecting diplomacy for an
exclusively military strategy are among the reproaches currently
addressed to the Sri Lankan Government.
About Burma
Tambiah (1992, p. 100) wrote:
The
participation of monks in rebellion and millennial movements in
precolonial times against the British raj, and subsequently in
post-independence times, is not new. Burma has perhaps the most
impressive evidence of this. Examples are the Saya San
rebellion in the 1930s and the most recent uprisings in 1988
(continuing to this day) by the students and young monks of Rangoon
and Mandalay against an oppressive military regime.
Regarding minorities, in
Burma, it is mainly the presence of an important and prosperous
Muslim minority that provoked troubles even before the end of the
colonial era. In 1938, Muslims were accused by «political monks» of
«stealing» Burmese women. On the 26th of July of that
year, a meeting was organized at the Shwe Dagon pagoda; it was
followed by a demonstration which headed to the Indian (Muslim)
neighborhood where it turned into riots targeting Muslims. For a few
days the Rangoon area was prey to anti-Muslim and anti-Indian
hysteria. It took a while before order was restored 28.
In spite of his declared
intention, in 1950, to make Buddhism Burma’s constitutional
religion (Trevor Ling, 1979, p. 129) U Nu refused in 1954 to exclude
the teaching of Islam and Christianity from State subsidized schools.
That refusal triggered a nation-wide upsurge and it is on the asking
of Muslim leaders, fearing a repeat of the 1938 riots and pogroms,
that he yielded to the fundamentalist monks´ demands. Still he made
Buddhism the State religion in 1961. The erratic and indecisive
course of his policies, as well as his clumsy management of ethnic
minorities’ rebellions, mainly Karens and Shans, led to general Ne
Win’s Buddho-Marxist coup in 1962.
Nowadays, under a
military dictatorship (from 1989 on) which no longer refers to
Marxism nor to Buddhism, certain monastic groups continue to worry
about Muslims’ demographic progress and hypergamous strategy. I
have observed for myself in Rangoon the tension between Muslims and
monks in 1998. A Western monk belonging to a Burmese lineage29
told me that confrontations between monks and Muslim groups still had
occurred over the last five years, that is since 2002.
But it is the troubles in
the three southernmost Muslim provinces of Thailand30
that since 1990 are making headlines again. Following an increase of
terrorist attacks in the South in 2004 the former Prime Minister
Thaksin Shinawatra, considering them as mere criminal phenomena
declared an emergency in 2005. The suppression, as brutal as
inefficient, only served to kindle the fire. It is said that the
worsening of the situation there is the main reason why King Bhumipol
of Thailand accepted the September 2006 the coup led by General
Sonthi Boonyaratkalin, a Muslim, with a program of granting Muslims
in the South the right to apply the Sharia law among themselves
regarding personal matters (marriage and inheritance). New terror
attacks resulted in some 2 100 casualties and in March 2007 when
I was wrapping up my dissertation, violence was continuing
unabated. In reaction to these events proposals have been re-iterated
to make Buddhism the official religion of Thailand31.
But the general public as well as the Sangha, at least in
Bangkok and the North, seem to remain remarkably calm with regard to
the problem in the South.
Death
penalty in Theravada countries
Most of them, most of the time, presently commute
death penalty to life sentence but in case of a severe crisis, as
under Shinawatra in Thailand for drug related crimes, it happens that
the sentence is executed. Among them, Cambodia is the only country
where the death penalty has been abolished, in 1993, but
extra-judicial execution is frequent.
Conclusion
Why, among countries where Buddhism spread, do
Theravada countries, despite the most pacifist doctrine of the Pâli
Canon, remain more prone to religious and ethnic violence than their
Mahayana counterparts?
I already suggested elements of explanation. Let me
try now to wrap them up. The Pâli imaginaire was molded in
the Indian environment, climatic and cultural, where holy men,
religious mendicants, monks, were respected and protected by the
state32.
It spread first to areas still mostly without any state tradition,
and similar to India with regard to climate. It could so impose the
Buddhist concept of the state, as defined in the Pâli suttas,
jâtakas and Mahâvamsa, as on a tabula rasa. To
put it in another way, in Theravada countries Buddhism created the
state. This contributed to the fusion in these countries of
national, state and religious identities whereas in most Mahayana
countries, Buddhism had to accommodate and yield to pre-existing
formalized religious and socio-political concepts and the monkhood
did not enjoy such an almost constitutionally privileged status as it
did in Theravada polities.
According to the Pâli tradition, protection of the
Sangha is constitutive of the cakkavatti’s and/or
Buddhist state mission. But in the present Theravada world, only in
Thailand does the state still fully play that role. In Sri Lanka, the
respective status of state and Sangha has been debated and criticized
for a long time, especially among urban educated «protestant
Buddhists». But since the outset of colonization, even after
independence, the state in Ceylon does not play anymore its
traditional protective/disciplinarian role with regard to the very
independent nikayas making up the Sangha. After
independence the Sri Lankan state apparatus, not longer wholly
Buddhist as it included well organized Christians, Hindus and
Muslims, was not able or ready to play that role, abandoning the
Sangha to its internecine disagreements and inability to reach
a minimal consensus even regarding the definition of their common
interests. In Myanmar the bond was broken in 1989 with the arrival to
power of General Than Shwe. As for Laos and Cambodia one can surmise
that the Sangha there, if protected, is also muzzled and
mainly used as a prop by the communist establishment.
Can the Theravada Sangha institution and
establishment survive in a political environment where the
traditional bond between Sangha and state is relaxed or
nonexistent? Are the Sangha’s confrontational attitudes
observed in Sri Lanka and Burma/Myanmar answers to challenges that
are experienced as threats to their status, more exclusively
privileged and monopolistic than that of monks in China, Japan, Korea
and Vietnam? These are the questions that I propose to the reader as
a conclusion, with a corollary and prospective question: can
Theravada Sanghas adapt to the challenges of this increasingly
global world, as the Northwestern Indian, Central Asian and Chinese
Sanghas did to new conditions two thousand years ago33,
while keeping a literal reading of the Pâli Vinaya (monastic
code of conduct) regarding, for instance, the interdiction for monks
to deal in any way with agriculture because it would imply getting
involved in killing insects and other small organisms?
Thailand in that respect may have shown the way.
Under the enlightened leadership of the Chakri monarchs, the Sangha
here strove to become more socially active (schools,
universities, hospitals, counseling even in agricultural productivity
improvement strategies) renewing in that way the bond not only
between Sangha and state but also, and perhaps more
importantly, with civil society34.
1Bouddhisme
theravada et violence
2DEA
: Diplôme d’Études Approfondies.
3Readers
who want the complete dissertation can obtain it, with the original
Pâli scriptures or only their French translations, by sending an
e-mail to jhuynen@gmail.com
4L’enseignement
du Bouddha, 1978, p. 22.
5The
conflict between China, large sections of the Tibetan people and the
Government of the Dalai Lama is more cultural, linguistic and
political than religious in nature.
6Collins
Stevens, Nirvâna and Other Buddhist
Felicities: Utopias of Pali Imaginaire,Cambridge:
Cambridge University Press, 1998.
7Mahâparinibbâna
Sutta (DN, II, 16 et sq); we use here the VRI
edition (134–136) = Ed. PTS ii, 72.
8DN.III.58-77
9Defined
as «no killing, no taking what is not given, no lying, no taking
intoxicants, no abusing sensual pleasure, no overeating which
roughly matches the pañca sîla or five interdictions to be
respected not only by monks but also by lay followers of the Buddha,
while the specific dhamma (duty) of the cakkavatti can
be summarized as «promoting the dhamma, protecting monks
and brahmins, ordinary people, poor and rich, as well as
animals. Cf. PTS 61 (5).
10S.
Collins, op.cit., p. 335.
11Anguttara
Nikâya. PTS : II, 74–76.
12See
chapter IV of A. Smith, The Oxford History of India, Oxford
University Press, 2006 : 22nd reprint of the 1958 Indian
edition (first published 1919).
13See
Schmithausen
Lambert, “Aspects of the Buddhist Attitude towards War” in
Violence, Non-Violence and the
Rationalization of Violence in South Asian Cultural History.
Ed. Jan E.M.Houben
and Karel R.Van Kooij, Leiden,
Brill, 1999.
14Some
pro-war milieus in Sri Lanka presently advocate its inclusion in the
Canon.
15Hazra
Kanai Lal, History
of Theravâda Buddhism in South-East Asia, with special reference to
India and Ceylon,
Munishiram Manoharlal Publishers Pvt Ltd, New Delhi, 1981, pp.79–85.
16
Xavier Roze, Géopolitique de l’Indochine, Paris,
Economica, 2000, p. 2 and map p. 107.
17Trevor
Oswald Ling, Buddhism, imperialism and war: Burma and Thailand in
modern history, London; Boston: G. Allen & Unwin, 1979, p.
51.
18G.Coedès,
op. cit, pp. 398–402.
19Communists
had just taken power in Laos, Cambodia and Vietnam. Cf. Charles
Keyes « Political Crisis and Militant Buddhism » in
B.L.Smith, Religion and Legitimation of Power, p.150 et sq.
20There
also was a leftist monks faction, the Yuvan Song.
21S.J.Tambiah,
op.cit., 1992, p. 33
22Cf.
Sarath Amunugama. «Buddhaputra and Bhumiputra ? Dilemmas of Modern
Sinhala Buddhist Monks in Relation to Ethnic and Political Conflict»
in Religion, 21 (1991): 115-39.
23Ananda
Guruge, ed. Return to Righteousness: A Collection of Speeches,
Essays, and Letters of the Anagarika Dharmapala. Colombo:
Government Press, 1965, p. 540, quoted by S.J.Tambiah, 1992, p. 8.
24See,
Donald Eugène Smith, Ed., South Asian Politics and Religion,
Princeton University Press, 1966, p. 484, and all chapters dedicated
to Sri Lanka which provide a very thorough account of the ground in
which posterior events — the beginnings of Tamil terror attacks,
the anti-Tamil pogroms of 1983 and the recent 2006 rekindling of war
— are rooted.
25Tambiah,
1992, pp. 49–57.
26Nationalizing
of private schools, mostly Christian.
27It
is said that weapons were found in certain monasteries , cf.
Tambiah, 1992, p. 96.
28Trevor
Ling, 1979, p. 88.
29Following
his request, I prefer not to mention his name.
30
Pattani, Yala, Narathiwat and, marginally, the
province of Songkhla.
31So
far the only clause along those lines in the Constitution is that
the king must be a Buddhist.
32When
Buddhism came to areas where the respect and protection of mendicant
monks by society and state could not be taken for granted, monks
had to adapt, become land owners and even marry, as in Tibet.
33See
Jean Naudou, Les bouddhistes kashmîriens au moyen-âge,
Paris, PUF, 1968; Jacques Gernet, Les aspects économiques du
bouddhisme dans la société chinoise du V e au X e siècle,
Saïgon, EFEO, 1956 ; Gregory Schopen, Buddhist Monks and
Business Matters, Hawaii University Press, 2004.
34According
to Tambiah S.J.(
World conqueror and world renouncer
: a study of Buddhism and polity in Thailand against a historical
background, Cambridge [Engl.]; New
York: Cambridge University Press, 1976) between 30 and 50% of
the Thai administration, academia, army and police are composed of
former monks or have been trained in monasteries .
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