Le 17 octobre 2012
Sur le train de nuit qui me mène de
Bangkok à Nongkai et Vientiane
Je ne suis plus passé par Vientiane
depuis la fin des années 90, venant en voiture louée de Luang
Prabang en compagnie de Jeff et de son épouse indonésienne.
J'entends et lis des avis contradictoires à propos de Vientiane :
soit la ville change très vite, soit tout y est encore lent et
poussiéreux comme il y a quinze ans. Hâte de me faire une opinion.
Imprudemment j'ai réservé et payé
10 jours à la Villa Sisavad, près du Wat Sisavad, Chantanabury
Le 18 octobre 2012
J'avais oublié que venant de la
fraîche Luang Prabang, même au mois d'août, j'avais été
désagréablement surpris de retrouver à partir de Vang Vien une
touffeur semblable à celle de Bangkok ou de Saïgon.
Nous sommes en octobre et alors que
Hanoï connaît sans doute des températures paradisiaques, le
thermomètre dépasse encore ici les 30° entre 10 h du matin et 16
heures. On me rappelle qu'ici comme à Bangkok, il n'y a ni automne
ni hiver. Rien qu'un léger fraîchissement en décembre et janvier.
Bilan de mon passage à Bangkok.
Content d'avoir revu Thierry et Sunisa.
Rassemblé des infos sur les loyer des studios au mois dans la
quartier de Sathorn : autour de 12 000 baths/mois toutes charges
comprises HTVA. Mais re-découvre surtout qu'il me serait difficile
de vivre dans une ville où la température descend rarement en
dessous de zéro, aussi pratique soit-elle.
A part cela l'événement principal de
ce séjour de 15 jours fut sans doute la rencontre de Hubert Mvogo,
une connaissance de Thierry, jeune financier franco-congolais,
intéressé par la philosophie. Après avoir débattu par e-mail du caractère
« fasciste » ou non de l'islam, nous nous
sommes rencontrés deux ou trois fois à l'Alliance et avons
poursuivi nos échanges de vive voix.
Ci-dessous le mail que le lui ai envoyé
après le dernier de ces échanges.
A Hubert sur
la nature de la religion et des religions.
Nos récentes
conversations me poussent à tenter de remettre de l'ordre dans mes
idées concernant la réponse à la question « Qu'est-ce que la
religion ? Qu'est-ce qu'une religion ? »
Si je tente d'y
répondre généalogiquement par l'histoire, la psychologie et
l'anthropologie, j'y verrai d'abord l'expression dès les débuts de
l'humanité – et donc du langage et de la fonction symbolique –
de l'émerveillement d'être en vie, partie et miroir, en même
temps, de l'univers. Qu'il soit clair cependant que ni le concept ni
le mot de « univers » n'existent à cette époque dans le
sens où nous l'entendons aujourd'hui. Le sentiment qui doit avoir
alors prévalu est sans doute celui d'exister face à Quelque chose
de vivant (animisme) qui me nourrit et auquel je retourne à la mort.
Ce quelque chose correspond sans doute au Cela (ça) de l'hindouïsme
des Oupanishads. C'est aussi sans doute ce « quelque chose »,
ce « ça » qui devint dieux dans les polythéismes divers
puis Dieu dans le monothéisme.
Mais l'homme
primitif, lieu originel de cet émerveillement n'est pas la monade,
l'individu, tel que l'a par après conçu l'Occident. Il est d'emblée
inséparable de sa famille, de son clan, de sa tribu.
D'emblée aussi
cet émerveillement, cette extase, s'accompagne de la crainte,
de la certitude de la mort qui met fin à l'extase. Afin de soulager
cette crainte, l'homme va tenter de créer de l'espace pour ses
projets, de faire reculer « le mur » existentiel de la
mort qui bouche son horizon. Il va d'abord se projeter dans sa
progéniture, sa famille, son clan.
La première
religion sera sans doute le culte des ancêtres, religion de la
famille, du clan, de la tribu, s'accompagnant du devoir moral
d'engendrer. Cette première strate de la conscience religieuse est
encore bien vivace dans les animismes d'Afrique et d'Asie ainsi que
dans le taoïsme et le confucianisme chinois mais on en retrouve
encore trace dans les religions « ethniques » ou
nationales comme le judaïsme, et même dans les deux grandes
religions universelles que sont le christianisme et l'islam dans la
mesure où le mariage et la procréation y sont toujours encouragés
mais au bénéfice cette fois de la survie et de l'expansion non plus tant d'un lignage, clan ou tribu, que de l'Eglise ou de l'Oumma
musulmane.
Nous voyons donc
que l'émotion religieuse individuelle est dès l'origine captée,
détournée, aliénée par le groupe, lignage, clan, tribu, nation et
plus tard religion transnationale organisée. De sentiment privé,
l' émotion religieuse est très tôt devenue objet culturel ou
sociologique.
*
Le bouddhisme
sera le premier à analyser le phénomène religieux. Plutôt que
religion, il est une psychologie débouchant sur une « science
de la religion » et une « technique de guérison, ou
'libération' » visant d'emblée le bien-être ou la
« non-souffrance » de l'individu par une forme
d'auto-hypnose accompagnée, comme l'épicurisme, d'une éthique du
contrôle des besoins et des désirs.
Pour recréer
l'extase il va utiliser une des multiples techniques yogiques
indiennes – méditation, dhyana, zen visant à se libérer de la
crainte du futur et des regrets ou remords afin de vivre le moment
présent - la développer tout en la séparant du contexte religieux
de l'hindouïsme de son époque, le védisme. Il va nier l'existence
d'une âme qu'elle soit universelle (Dieu ?) ou individuelle et
va, comme un peu plus tard Epicure en Grèce - qui lui aussi faisait
de la concentration dans le moment présent l'essentiel de l'ascèse
matérialiste - réduire les dieux au statut de « créations de
l'esprit humain à des fins de suggestion thérapeutique ».
Le Bouddha a bien
compris que l'hypnose est un des ingrédients fondamentaux de toute
religion, mais aussi de tout système politique autant que de tout
système de « fidélisation » des clients. Mais il tente de mettre au service de l'analyse de soi et des phénomènes
le très grand calme qui accompagne les premières phases de la
méditation (samatha). Pour la première fois dans l'histoire,
l'hypnose est détournée de l'utilisation qui a jusque-là toujours
été la sienne, le contrôle des individus par le groupe, pour la
mettre au service des individus eux-mêmes.
Les techniques
d'induction de l'hypnose utilisées par le bouddhisme ressemblent
fort à celles utilisées par les religions : concentration sur
un point brillant ou coloré, sur une idée, une image, un mot, un
vers poétique, le souffle respiratoire. La différence est que, dans
le bouddhisme originel au moins, ces techniques, sont envisagées
comme telles, ne sont pas associées à des métaphysiques ou à des récits eschatologiques ( narratives), impliquant une
notion de « victoire finale » et ou de domination
universelle. Le Canon pâli va jusqu'à prédire la disparition du
bouddhisme, avant sa renaissance il est vrai. Et lorsque le mahayana
envisage une mythique « fin de l'histoire » c'est sous la
forme de l'illumination de tous les êtres vivants non sous celle de
la victoire d'une organisation, d'un état ou d'un groupe d'états,
fussent-ils bouddhistes.
Bien sûr les
associations (sangha) bouddhistes solliciteront bientôt, que ce soit
en Inde ou en Asie de l'Est ou du Sud-Est, la protection des états
qui à leur tour les utiliseront pour atteindre leurs objectifs. Mais
cela n'empêche que le bouddhisme reste foncièrement individualiste.
Il n'y a pas de salut collectif qui soit le résultat automatique de
l'adhésion à une doctrine ou à une organisation. Le salut est le
fruit d'une ascèse individuelle méthodique, clairement distincte du
contenu des doctrines élaborées au cours des âges par les
différentes écoles du bouddhisme. Le bouddhisme est orthopraxie
plutôt qu'orthodoxie.
*
La seconde grande
religion qui tentera de transcender la famille, le clan, la tribu et
la nation, sera le christianisme. Les Eglises – même orthodoxes,
même protestantes – se veulent toutes « catholiques »
c'est-à-dire « universelles ».
Le christianisme
recourt moins aux techniques hypnotiques que le bouddhisme. Il vise à
rassurer l'individu en souffrance non par l'identification à un
groupe ethnique mais un type de suggestion émotionnelle l'assurant
que Dieu l'aime personnellement comme pourrait le faire un père ou
une mère. Le gage en est que Dieu se serait fait homme et serait
mort pour le sauver. L'individu se projette ici non plus dans la
perspective de la survie de sa progéniture ou de sa race mais dans
celle de sa survie personnelle et de la victoire eschatologique de
l'Eglise, assemblée des « enfants de Dieu » et la
réalisation sur terre de la Cité de Dieu.
Le fidéisme
chrétien et le caractère irrationnel de certains de ses dogmes
provoquèrent en Occident à partir de la fin du Moyen-Âge et de la
Renaissance une critique de la religion qui devait aboutir à un
retour aux prémisses métaphysiques de l'antiquité, à un
affaiblissement du rôle des Eglises dans les sociétés occidentales
modernes et à différentes formes de sécularisme ou de laïcité.
Les sociétés occidentales les plus sécularisées gardent cependant
du christianisme son égalitarisme (ni caste, ni race dominante) et
son souci d'un minimum de justice sociale.
*
Mahomet,
représente au 6e siècle EC, le porte-parole de l'humiliation
historiques des tribus arabophones polythéistes de l'Arabie.
Initiateur de la dernière des religions universelles, il est
remarquable en ce qu'il semble avoir parfaitement compris les
mécanismes de l'hypnotisme et de la suggestion qu'il va mettre au
service du nationalisme arabe (Le Coran est « une révélation
en arabe pour les Arabes »). Plus l'objet hypnotique est
simple, plus il est efficace. Les instruments de mobilisation de
Mahomet sont
- une idée : l'unicité absolue de Dieu
- de cette idée un Arabe, lui-même, est le formulateur, en arabe pour les Arabes
- une invocation, un mantra « Allah Ouakhbar » qui est aussi cri de ralliement et cri de guerre destiné à intimider et terroriser l'adversaire (comme d'ailleurs le voile complet des femmes musulmanes).
- Le Coran, livre pas très long et d'une lecture assez facile si on le compare à la Bible, aux Védas hindous et au Canon bouddhique. Le Coran ne peut être interprété que par les arabophones.
Mais Mahomet à
plusieurs points de vue a échoue à faire de l'islam l'instrument
fédérateur qu'il voulait :
- de la société arabe pré-islamique il garde la structure clanique endogame ; s'il tente de l'élargir aux dimensions de l'Eglise musulmane, l'Oumma, il réussit moins bien que le Judaïsme qui arriva à effectivement fédérer les Douze tribus issues de Jacob pour en faire un seul peuple, ou que l'Eglise catholique qui dès sa victoire à Rome au 4e siècle puis dans le Saint-Empire s'attaqua avec succès à l'endogamie de clan, ce qui aboutit à une société relativement intégrée malgré la survivance de la caste aristocratique. Les inconvénients de la structure clanique se manifestent jusqu'à nous jours dans les sociétés arabe, pachtoune et turque particulièrement par une hostilité endémiques entre clans et sectes pourtant musulmanes.
- Il transpose dans les rapports inter-religions l'hostilité absolue et sans scrupule, ainsi que la mauvaise foi, qui marque les rapports entre clans ou tribus se disputant un même territoire ou une même ressource.
- A l'époque de la globalisation et d'internet tout le monde peut lire le Coran sinon en arabe au moins dans plusieurs traductions. Un livre qui ne fut d'abord accessible qu'aux Arabes, lettrés ou non, aux musulmans lettrés turcs, pachtounes ou indiens est maintenant à la disposition de tous sur le site Lexilogos par exemple. Or ce livre comporte plusieurs dizaines de passages qui sont à notre époque extrêmement problématiques car exprimant une hostilité insultante et meurtrière à l'égard non seulement des Juifs et des chrétiens mais aussi des polythéistes, au rang desquels d'après les critères mêmes de l'islam, il faut placer un milliard d'hindous, plus d'un milliard de chinois, et sans doute encore plusieurs centaines de millions d'animistes répartis sur toute la planète que ce soit en Amérique du Sud, en Afrique ou dans les régions himalayennes d'Asie. Soit cinq ou six milliards de personnes.
*
Il est peu
probable que des sociétés qui envoient des vaisseaux spatiaux et
des hommes dans l'espace se laissent intimider par l'islam et que
l'avenir lui appartienne alors qu'au sein de ses oulémas existent
encore des experts qui mettent en doute que l'homme ait marché sur
le lune. Dans la société globale à venir, il est probable que,
comme en Occident et comme en Chine, les religions seront de moins en
moins considérées comme héréditaires, que les individus de plus
en plus pourront choisir les conceptions métaphysiques, religieuses
ou athées, qui leur conviennent, éventuellement en changer, en
choisir plusieurs ou aucune.
Mais il existe un
réel danger. Si à l'avenir suite à de trop grands écarts dans les
niveaux d'éducation et de revenus des différentes catégories
sociales, étant donné la très grande efficacité de la technique
hypnotique de l'islam - croyance en un Dieu unique distinct de la
nature, pratiques telles que la répétition perpétuelle du nom de
Dieu, récitation de ses qualités, psalmodie envoûtante du Coran –
associée à une idéologie sectaire et malveillante vis-à-vis de ce
qui n'est pas elle, paranoïaque, faisant de chaque croyant le
représentant de Dieu sur terre vis-à-vis de tout qui il considère
comme infidèle, même s'il est musulman, les progrès de l'islam
pourrait signifier non pas la « paix éternelle » qu'il
prétend signifier mais un état endémique de troubles civils. Le
danger serait alors que nos élites politiques soient tentées afin
de sauvegarder la paix sociale et de maintenir l'ordre public de
donner aux musulmans ce qu'ils exigent déjà - la charia –
qui à terme contaminerait nos codes et nos coutumes et finirait par
faire des non-musulmans des parias. L'aboutissement de ce processus
serait une Europe qui ressemblerait au Moyen-Orient.
Bangkok,
14 octobre 2010
L'intérêt
contemporain du modèle chinois, ou extrême-oriental, des "Trois Religions qui n'en font qu'Une" (cf post du 29.10.2012) est aussi à mon sens le rôle qu'y joue la
théorie confucianiste de l'Etat incarnation du Ciel (cf Hegel,
l'état comme dernier avatar de l'Esprit).
Cette
idée reste intéressante de nos jours, non pas dans le sens où la
Chine acquerrait une position centrale dans la structure des
relations internationales, réalisant ainsi sa « destinée
manifeste » d'Empire du Milieux, mais dans celui où l'ONU
serait investi du « mandat du ciel » qui légitimait les
empereurs de Chine, fils du Ciel, aussi longtemps qu'ils
s'acquittaient des devoirs de sa charge.
Dans cette conception - où s'il perd le pouvoir suite à une
révolte populaire, sa défaite est elle-même le signe que le Ciel
lui a retiré son mandat - le peuple est aussi contractant avec le Ciel et l'Empereur, avec le Ciel et l'Etat.
Une
telle conception politico-religieuse de l'ONU, lieu de débat et de
compromis, se situe évidemment à l'opposé de celle de l'islam où
l'autorité découle exclusivement d'un Dieu hypothétique tel que
conçu par un Arabe du 6e siècle CE, et dont le message à
l'humanité – le Coran – délivré en arabe ne peut être
interprété que par des oulémas parlant arabe.
Le
« mandat du ciel » des confucianistes, comme le « contrat
social » de Rousseau, ou l'Esprit de Hegel ont un caractère
contractuel et évolutif. Le mandat du ciel peut être retiré à
l'Empereur (ou au Parti communiste) si ces derniers le trahissent. Et
c'est au peuple – ou dans le cadre onusien, à l'assemblée des
nations – d'en décider en dernier recours. Les Chinois ont donc l'équivalent de notre « Vox populi, vox Dei ».
L'Etat
a pour les Chinois un caractère sacré. Le sinologue belge Pierre
Ryckmans disait d'ailleurs « la religion des Chinois, c'est la
Chine ».
Une « sacralisation » de l'ONU, avec des
rites, une liturgie – car tout pouvoir repose aussi sur des
symboles et des apparences - ne serait-elle pas de nature à renforcer la
capacité de résistance à la tentative de coup-d'état global de
l'islam et de l'islamisme, utilisant aussi très habillement rites et
croyances. Je me demande aussi si les Chinois ne commencent pas, dans
le cadre du développement de leur « soft power », à
chercher les moyens d'adapter à leur nouveau rôle global leur
antiques conceptions politiques.
Jacques
Huynen
Bangkok
octobre 2012
*
Plutôt
qu'un seul dieu
Un
seul monde
plein et fini
plein et fini
Un
seul univers
vide et infini
vide et infini
Ceci
n'est pas une pipe inscrivait Magritte sous son oeuvre représentant
une pipe
Le
signifiant n'est pas le signifiant
Le
signe n'est pas la chose
Le
doigt qui pointe la lune n'est pas la lune
Dieu
n'est pas l'infini innommable
Dieu
n'est pas Dieu
Il
n'y a pas de dieu ...
Leur
Dieu est la dernière des idoles
Dont
le vrai visage, meurtrier, sanguinaire, devient de plus en plus
évident ...
*
Les
dix-mille choses – l'infinitude des phénomènes - ne font qu'un,
ont dit des penseurs confucianistes et bouddhistes chinois
Tout
effet est l'effet de plusieurs causes
Toute
cause la cause de plusieurs effets
Samedi 20 octobre 2012
Je rencontre Annie K mercredi
quasiment dès mon arrivée à la Villa Sisavad. Britannique
excentrique et expansive, un peu masculine, la bonne cinquantaine
mais se considérant encore comme « invicible », elle se
présente comme « un-exploded war bombs expert ». Elle achève
un PhD à l'Université de Greenwich, et siège à la British
Military Defense Academy. Nous finirons la soirée
attablés à la terrasse d'un des restaurants de Tat Dam à nous
restaurer d'une salade de canard arrosé de Merlot.
Sa grand-mère paternelle était thaï
et son arrière-grand-père a conseillé le roi cartographe Mongkut.
Mais de ses ascendants thaï, il ne lui
reste que des petits yeux légèrement bridés. Le sourire a laissé
place à de grands éclats de rire, et l'effacement ou la discrétion
féminine orientale à un féminisme sans complexe.
Tout cela combiné à une très large
culture, pas seulement dans le domaine des bombes, en fait un
personnage remarquable.
Elle est, me dit-elle, propriétaire
d'une maison Av. Foch à Paris, d'une autre dans le Sud de la France
et d'un bungalow dans le Sud thaï – et me dit que j'y suis le
bienvenu - mais loue à la villa Sisavad une chambre à 13 $.
Hier soir, vendredi, comme Annie
prépare un voyage dans le Sud et doit aller dormir tôt, je dîne
seul en ville.
Le Chok Dee est un restaurant tenu par
un Belge d'Arlon. Le vendredi il propose un plat belge. Aujourd'hui
moules frites. Je choisis les moules au céléri et à l'estragon,
arrosé de vin blanc. Déçu car il n'y a quasiment pas de légumes
dans le brouet. Les céléris sont très chers au Laos s'excuse
l'Arlonnais. J'aurais dû prendre les moules à la
dijonnaise...
En fin de repas, conversation avec
Christophe Bart, franco-suédois qui a été brièvement moine à
Suan Mokh avant de se mettre en ménage avec une femme lao à
Vientiane. Il me dit quue l'Asie de l'Est et du Sud-Est resteront
imperméables à l'islam. Annie K pense par contre que l'islam est
partout à l'offensive dans cette partie du monde également. Elle
s'inquiète de voir des mosquées pousser "comme des
champignons" dit-elle, au centre de la Thaïlande où pourtant
il n'y avait jusqu'à présent jamais eu de minorités musulmanes.
Elle attribue ce phénomène à un afflux d'immigrés indonésiens.
Mais en ce domaine, je ne fais guère confiance à ses informations.
D'après Wikipedia, indépendamment des minorités musulmanes
anciennes, malaisiennes et chinoises (Chin-Hui) l'islam serait en
progrès un peu partout dans le royaume, résultat d'une immigration
récente de Rohyngyas birmans, de Cham cambodgiens ou vietnamiens,
ainsi que d'Indiens et de Pakistanais. Il y aurait même une ancienne
communauté chiite remontant au XVI siècle.
La Thaïlande semble aussi peu prudente
par rapport à l'islam que nous l'avons été. Malgré le conflit
dans les trois provinces du Sud, l'immigration en provenance de pays
musulmans, les mariages et les conversions ne semblent faire l'objet
d'aucune attention particulière. Il y aurait quelque 170 mosquées rien qu'à Bangkok sur plus de 3000 dans le pays, pour la plupart dans le Sud. Il n'est pas rare de voir un troupeau de femmes complètement voilées aux abord du quartier chaud de Silom. A l'extrémité orientale de Sukhumvit (Nana?), paraît-il, les minarets poussent comme des champignons. Mais je n'ai pas eu le temps de le vérifier.
Il est vrai que le bouddhisme étant encore très vivace dans la plus grande partie du pays, le pays n'a pas baissé la garde sur ce terrain comme l'a fait l'Europe de l'Ouest. Attitude très différente donc de celle des Birmans. Suite aux troubles entre la minorité musulmane Rohingya et les Birmans dans l'état du Rakhin, la Birmanie vient de refuser la présence d'observateurs temporaires ou permanents de l'OCI sur son territoire (Voir Le Point du 15 octobre 2012. Pas cons les Birmans !
Il est vrai que le bouddhisme étant encore très vivace dans la plus grande partie du pays, le pays n'a pas baissé la garde sur ce terrain comme l'a fait l'Europe de l'Ouest. Attitude très différente donc de celle des Birmans. Suite aux troubles entre la minorité musulmane Rohingya et les Birmans dans l'état du Rakhin, la Birmanie vient de refuser la présence d'observateurs temporaires ou permanents de l'OCI sur son territoire (Voir Le Point du 15 octobre 2012. Pas cons les Birmans !
Dimanche 21 octobre 2012
Ce matin, passé par la petite mosquée
Jamia, la plus ancienne (1972) des deux mosquées lao. Elle est
située dans une ruelle parallèle au Square de la fontaine Namphoo.
Les premiers musulmans à fouler le sol
lao furent sans doute des soldats maghrébins de l'armée française.
Ils quittèrent les pays avec le Français. Après l'indépendance,
arrivèrent des Chams du Cambodge et du Vietnam, des musulmans thaï
et plus récemment sans doute des Pakistanais et des Tamouls, vivant
de la restauration halal, au total entre 600 et 1000 âmes
actuellement.
Venant de la rue Sethathirath, je
m'engage dans dans la ruelle et ne tarde pas à apercevoir le
bâtiment blanc et deux grêles
minarets couronnés de bulbes verts. J'entends des voix
venant de la mosquée. Lecture ? Discussion ? Dispute ? Je ne sais.
Le quartier n'a pas l'air particulièrement musulman mais au fond de
la ruelle, un cul de sac en fait, un jeune en short me signifie
qu'on ne peut pas passer.
Rappelant l'islam on ne voit guère à
Vientiane, le long de la rue Fa Gnum, que quelques faces d'allure
indienne ou pakistanaise et bien sûr de rares touristes
moyen-orientaux ou des Arabes d'Europe. Rien qui suggère une
offensive que semble craindre Annie – aussi islamophobe que moi
mais pour des raisons différentes, tenant à son féminisme
militant.
Les tables branlantes sur la levée qui
longeait le Mékong, où l'on servait encore de la Beer Lao au
coucher du soleil sur le Mékong à la fin des années 90, tables
pour lesquelles j'ai eu envie de repasser par ici, ont disparu il y a
à peine un an, me dit Clément, Franco-laotien qui tient un salon de
thé de la chaîne Sinouk. Les mafias chinoises et lao en ont eu
raison. La levée herbeuse a été aplanie, on y a fait passer une
route - sans doute destinée à devenir une voie rapide - bordée
d'un parc il est vrai ... Les cafés et restaurants de la rue Fa Gnum
n'y ont plus accès. Tout cela ressemble de plus en plus à la
Thaïlande.
*
Flash back Hai Shan sur la Chine, son
avenir (Tibet, Taiwan, Japon , Mer de Chine du sud et du nord), ONU
etc.
Hai Shan approuve mon plan de faire de
l'ONU le détenteur du Mandat du Ciel, et de lui rendre un culte,
comme on rendait un culte à l'Empereur de Chine. Mais il suggère
que l'on déménage son siège sur une île du Pacifique ou de
l'Atlantique. Je suggère les Açores.
Quand lui rappelant que 40 % des
investissements étrangers en Chine pop proviennent de Taïwan
j'évoque les perspectives d'organisation d'élections multi-partis
(PC, Kuomingtan et Libéraux démocrates taïwanais) simultanées à
Taïwan et sur le continent, avec candidats du PC à Taïwan et
candidats des partiw taïwanais sur le continent), il sourit d'un air
rêveur mais ne me contredit pas.
Même réaction quand je remarque que,
si la Chine veut garder les USA à l'extérieur de sa zone
d'influence, elle devrait traiter ses voisins en alliés et non en
vassaux.
*
Au nord du Patuxay, arc de triomphe de
style lao bâti entre 1957 et 1968 en mémoire des victimes de la
Guerre d'indépendance contre la France, le Gong de la Paix offert
par le World Peace Committee, association indonésienne pour la paix
mondiale fondée après l'attentat de Bali en 2002. Vingt-six pays,
ont accepté un de ces Perdamaian Dunia. Celui de Vientiane a été
inauguré en 2008. Il porte les symboles de toutes les religions, y
compris la roue du dharma, la croix et l'étoile de David. Laisse un
peu rêveur lorsque l'on connaît les insultes et malédictions dont
sont l'objet les juifs, les chrétiens et les polythéistes dans le
Coran. Alors que bien sûr l'islam, dernière des religions
universelles, est complètement ignoré par les textes sacrés de
ces religions qui le précèdent de plusieurs siècles.
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